Des forêts tropicales détruites, des dizaines de communautés déplacées et des milliers de carcasses de bétail et d’animaux sauvages calcinées : depuis mai, de gigantesques incendies, provoqués par les chaqueos – une pratique de défrichage par le feu – dévastent l’Amazonie bolivienne. Face à cette situation alarmante, le président, Luis Arce, a déclaré le pays en état de « catastrophe nationale » le 30 septembre.

Dans la région, ces feux sont fréquents durant la saison sèche, qui s’étend normalement de juin à septembre. Cependant, cette année, la sécheresse est arrivée un mois plus tôt que prévu et s’est révélée particulièrement intense. « Les arbres sont devenus plus facilement inflammables », souligne le climatologue argentin Juan Minetti, directeur du Laboratoire de climatologie sud-américaine, qui note que les épisodes de sécheresse « sont de plus en plus fréquents » sur le continent.

D’après le bilan du gouvernement révélé le 30 septembre, 6,9 millions d’hectares – 40 % de forêt et 60 % de pâturage – ont déjà été ravagés. Cette superficie, équivalente à celle de l’Irlande, dépasse le précédent record de 2019, lorsque plus de 5,3 millions d’hectares avaient été dévorés par les flammes. Le département de Santa Cruz, le plus vaste et le plus peuplé du pays, est le plus touché. Selon le dernier rapport du service national de météorologie et d’hydrologie du 28 septembre, 72 % (4 075) des 5 663 foyers se trouvaient dans la région.

Les indigènes, principales victimes

Les principales victimes de cette tragédie sont les populations indigènes. « La quasi-totalité des cinquante-huit territoires autochtones qui se trouvent dans les départements atteints [Pando, Beni, Santa Cruz et La Paz] a été touchée par les feux », s’inquiète Alex Villca Limaco, indigène du peuple uchupiamona et porte-parole de la Coordination nationale de défense des territoires indigènes et paysans et des aires protégées de Bolivie.

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Face à la destruction de leur environnement, de nombreuses communautés dépendant de la cueillette de noix, de la chasse et de la collecte de plantes médicinales pour leur survie ont été contraintes de migrer vers les villes. « Nous [les peuples indigènes] courons le risque d’une mort silencieuse », avertit Alex Villca Limaco, qui s’inquiète aussi des conséquences sanitaires de la pollution causée par la fumée qui a recouvert la région d’un nuage gris, nuisant à la visibilité et rendant l’air irrespirable. « Beaucoup de personnes souffrent de toux, de problèmes respiratoires et cutanés. »

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