• Dans un discours face aux forces armées, dimanche, Emmanuel Macron a dépeint les nombreuses menaces et défis qui s’imposent à la France.
  • Pour tenir le cap, un effort budgétaire inédit est nécessaire, a-t-il défendu, annonçant que cette enveloppe devra considérablement augmenter d’ici 2027.
  • Pour cela, il ne veut pas recourir à « l’endettement » mais à « plus d’activité et plus de production ».

Son entourage avait promis des « annonces majeures ». À la veille du 14-Juillet, Emmanuel Macron a pris la parole ce dimanche pour un discours aux Armées (nouvelle fenêtre) d’une gravité particulière cette année, face à « l’aggravation des menaces » qui pèsent contre la France, avait indiqué son entourage. En une trentaine de minutes, depuis les jardins du ministère des Armées, à l’Hôtel de Brienne, le chef de l’État a dressé un panorama sombre des crises internationales majeures (nouvelle fenêtre) en cours. Face à une myriade de risques, il a annoncé un « effort nouveau et historique » à venir, avec une augmentation significative du budget des Armées. 

La France au carrefour de plusieurs menaces, un vrai « moment de bascule »

  • La France face à « un moment de bascule ». Face aux représentants des forces armées, Emmanuel Macron a souligné que « jamais, sans doute, notre liberté n’avait été si menacée ». « Quand il n’y a plus de règles, c’est la loi du plus fort qui l’emporte », a-t-il déploré, soulignant en particulier que la « liberté de notre Europe » a été « mise en danger » par l’invasion russe en Ukraine. Les États-Unis « ont ajouté une forme d’incertitude (nouvelle fenêtre)« , tandis que l’Europe se retrouve « à la lisière d’un vaste arc de crises »
  • Le risque terroriste se maintient. Tandis qu’une Revue nationale stratégique doit être publiée lundi sur tous ces défis et menaces, Emmanuel Macron a d’ores et déjà pointé entre autres « la menace particulière que représente le terrorisme, et singulièrement islamiste ». « Dix ans après les attentats de Paris, si en une décennie nous avons beaucoup fait, le risque est là, toujours », a-t-il insisté. 
  • Une menace russe « préparée, organisée, durable ». Dans la lignée de la conférence de presse vendredi du chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard (nouvelle fenêtre), Emmanuel Macron a mis en garde face à la « permanence d’une menace russe aux frontières de l’Europe », « à laquelle nous devrons être capables de faire face ». « Notre avenir européen est déterminé par cela, et la nécessité de nous organiser pour répondre », a-t-il insisté. 

Il faut « être craint » et « dépenser plus pour notre défense »

  • Une Nation « plus forte » pour être « crainte ». Face aux « menaces hybrides » qui menacent la France, celle-ci doit « durcir [ses] capacités ». « Pour être libres dans ce monde, il faut être craint. Pour être craint, il faut être puissant. La Nation, pour cela, doit être plus forte », a plaidé le président.
  • En 2027, le budget des Armées aura doublé par rapport à 2017. Face à ces menaces, « nous avons une avance, mais demain, au même rythme, nous serions dépassés », a-t-il mis en garde. Annonçant « de nouveaux budgets pour nos armées », « nous assumons de porter un effort nouveau et historique », malgré le contexte de tensions pour les finances publiques, a-t-il posé. « Nous avions prévu de doubler le budget d’ici 2030, nous allons le doubler d’ici 2027 ». En outre, il souhaite 3,5 milliards d’euros de dépenses supplémentaires en 2026 puis 3 milliards de plus en 2027. Au total, « nous consacrerons, 64 milliards d’euros pour notre défense en 2027 (nouvelle fenêtre). C’est le double du budget dont disposaient les armées en 2017″, a-t-il insisté, soulignant l’objectif d’aider à « combler nos zones de fragilité », dont les stocks de munitions, drones ou encore « capacités spatiales »
  • Rendez-vous au Parlement à l’automne. Pour entériner ces hausses, « une actualisation de la loi de programmation militaire (pour 2024-2030, ndlr) sera présentée à l’automne », a précisé Emmanuel Macron. « À chacun de prendre ses responsabilités pour l’année prochaine », a-t-il lancé plus largement, appelant les parlementaires à voter le budget pour 2026, en écartant les censures qui « décalent le budget des Armées »
  • Pour financer l’effort, Emmanuel Macron refuse « que ce réarmement passe par l’endettement ». « Il sera financé par plus d’activité et plus de production (nouvelle fenêtre)« , a-t-il annoncé, défendant un « effort ponctuel de tous ». « Nous n’avons plus les dividendes de la paix », a martelé le chef de l’État. 

Sur les réserves et le SNU, des décisions repoussées

  • Des annonces repoussées à l’automne sur l’engagement des jeunes. « Nous devons accélérer nos efforts, sur notre réserve, et donner à la jeunesse un nouveau cadre pour servir, selon d’autres modalités, au sein de nos armées », a posé Emmanuel Macron. Il prendra des décisions sur ce sujet à l’automne, a-t-il annoncé, sur la base de travaux demandés en janvier au ministère des Armées notamment, portant sur « l’avenir du SNU » (nouvelle fenêtre), le service national universel, dispositif destiné aux 15-17 ans, mais aussi « l’organisation de la mobilisation de nos jeunesses, comme de nos réserves »

L’Europe est « notre meilleur bouclier » face aux risques

  • « Nous Européens, devons désormais assurer notre sécurité nous-mêmes », exhorte Emmanuel Macron. Sur l’Otan, qui a récemment décidé d’une hausse historique des dépenses de ses membres (nouvelle fenêtre), sous la pression américaine, « nous devons faire plus pour notre défense, (…) afin, en Européens, d’être plus souverains », a-t-il appuyé, appelant à consolider un « pilier européen » de l’Alliance atlantique. Il a aussi appelé à « agir, produire, acheter ensemble », à l’échelle des alliés du continent. 
  • Une « coalition des volontaires » pour l’Ukraine qui se consolide. Au côté du Royaume-Uni, la France est parvenue à rassembler en quelques mois « 30 nations » pour cette coalition pour venir en soutien à Kiev (nouvelle fenêtre). « Son état-major opérationnel est constitué et basé à Paris, c’est une première », a-t-il fait valoir, affichant l’ambition de « faire de la France la nation-cadre d’opérations à venir »
  • La dissuasion nucléaire française reste « totalement et invariablement souveraine ». Elle « garantit notre liberté » et a « un rôle dans la sécurité de l’Europe », a défendu Emmanuel Macron. « Il n’existe pas de menace extrême contre l’Europe qui ne susciterait pas de réponse » de la France et du Royaume-Uni, a-t-il ajouté, précisant qu’il reviendra sur ce sujet à la fin de cette année.

M.L. avec AFP

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