Le budget 2025 du conseil départemental de la Charente a de nouveau été rejeté, mardi 22 avril, sur fond de blocage politique persistant, ouvrant la voie à une rarissime mise sous tutelle de cette collectivité par la préfecture.

Le département avait pourtant obtenu le 16 avril un sursis du préfet en étant autorisé à reconvoquer une séance plénière, mais le texte budgétaire a été rejeté mardi, ont précisé à l’Agence France-Presse deux opposants.

Comme lors d’un premier scrutin fin mars, le budget d’un montant de 615 millions d’euros a été rejeté du fait notamment de l’abstention de plusieurs élus de la majorité de gauche, qui ont fait sécession après des mois de désaccords politiques au sein de l’assemblée de ce territoire de quelque 350 000 habitants.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les collectivités locales, en difficulté financière, passent leurs dépenses « à la moulinette »

L’exécutif présidé par Philippe Bouty (divers gauche) est désormais voué à voir le préfet prendre la main sur les finances du département, qui emploie environ 2 000 personnes, en saisissant la chambre régionale des comptes (CRC). « Je ne me sens pas acculé à la démission pour une simple et bonne raison : ce budget était sincère », a réagi Philippe Bouty au micro de la radio Ici. « Je vais travailler très rapidement avec le préfet pour que les impacts soient les plus mesurés. (…) C’est la chambre régionale des comptes qui a la main pour une année. »

« Une situation très exceptionnelle »

L’instance de contrôle financier a un mois pour élaborer un nouveau projet de budget et le transmettre au préfet. « Une situation très exceptionnelle pour un département », même s’il « n’y aura pas de shutdown » à l’américaine, avait souligné début avril le président de la CRC, Vincent Léna, dans une interview au quotidien Charente libre.

Après l’échec du premier vote, Philippe Bouty avait accusé ses adversaires politiques de « tentative de putsch », ciblant la droite et la sénatrice socialiste Nicole Bonnefoy, l’une des six élus de gauche ayant fait sécession. Le dirigeant, qui avait fait basculer le département à gauche en 2021, a rapidement vu sa majorité gauche plurielle se fissurer, ses critiques lui reprochant des « annonces intempestives » et des « comportements parfois inadéquats ». Des élus restés dans la majorité accusent, pour leur part, Nicole Bonnefoy de convoiter la tête de l’exécutif.

Le groupe des dissidents et l’opposition, emmenée par le centriste Jérôme Sourisseau, qui a présidé le département en 2020-2021, réclament la démission de M. Bouty depuis sa mise en minorité.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « Non, les collectivités ne coûtent pas cher à l’Etat, elles contribuent même à combler son déficit »

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version