Lors du montage de l’une des éoliennes du parc éolien d’Andilly-Les-Marais (Charente), le 31 janvier 2024.

Un mât blanc planté au beau milieu d’un champ, si haut qu’il perce le plafond nuageux. Les « records » annoncés par le parc éolien d’Andilly-les-Marais (2 300 habitants), une commune située au nord de La Rochelle, non loin du Marais poitevin, ne sont pas de l’esbroufe. La « plus haute grue d’Europe » (près de 140 mètres) vient d’achever de monter les trois « plus grandes éoliennes de France » (200 mètres en bout de pale) de dernière génération, fabriquées au Danemark par le leader mondial Vestas. D’une puissance totale de 18 mégawatts, elles produiront l’équivalent des besoins en électricité de 10 600 foyers. Les bourrasques du mois de février n’ont pas entravé ce chantier hors norme, qui nécessitait des conditions météo optimales et un strict respect du calendrier pour ne pas perturber la nidification des oiseaux.

Toutefois, la véritable originalité de ce parc se trouve moins dans ses dimensions spectaculaires que dans son « modèle citoyen », inédit dans un territoire hostile aux éoliennes. En 2019, Dominique Bussereau (ex-Les Républicains), alors président du conseil départemental de Charente-Maritime, avait demandé au préfet de surseoir à toute nouvelle implantation d’éolienne et fait voter un moratoire de deux ans sur la question. L’année précédente, l’ancien ministre avait créé un Observatoire départemental de l’éolien, pour contrer les projets jugés « inacceptables » accusés de « défigurer » le paysage d’Aunis et de Saintonge. C’est-à-dire à peu près tous les projets.

Depuis, Sylvie Marcilly (divers droite), qui lui a succédé à la présidence du département en 2021, mène la même croisade, bien que les recours contre les arrêtés d’autorisation préfectorale soient régulièrement déboutés par le Conseil d’Etat. Il y avait en Charente-Maritime, fin 2022, 24 parcs en fonctionnement (141 éoliennes), 15 autorisés (de 76 éoliennes), 5 en cours d’instruction (27 éoliennes).

Travail sur l’acceptation du projet

Le projet éolien d’Andilly est l’exception qui confirme la règle. Bouclé en seulement six ans (contre dix ans d’instruction en moyenne), il cumule les avis favorables, y compris celui du conseil départemental et du parc naturel régional du Marais poitevin, qui fait partie du comité de suivi. Il n’a fait l’objet d’aucun recours en justice. Ni l’association Nature environnement 17 ni la Ligue de protection des oiseaux, dont le siège national est à La Rochelle, n’ont trouvé à y redire.

« Les angles d’attaque ne sont pas légion », sourit Bertrand Cardinal, président de la Coopérative de production d’énergie citoyenne (Coopec) en Aunis Atlantique, laquelle détient les clés de la gouvernance du parc. C’était, dès le départ, la volonté des élus andillais, alors que les promoteurs de projets éoliens tapaient à la porte de la mairie. « On était très sollicités lors du mandat précédent, témoigne le maire sans étiquette Sylvain Fagot, mais ce n’était pas une priorité pour nous. Puis on s’est aperçu très vite que des développeurs signaient des promesses de baux avec des propriétaires terriens. On a craint de perdre la main et de se faire imposer un projet dont on ne voulait pas. »

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