LETTRE D’ABIDJAN

L’artiste Cédric Kouamé dans son centre d’archives Baoulecore, à Abidjan, le 14 novembre 2025.

Elle est plus discrète, moins internationale que les phénomènes drill, rap ivoire ou coupé-décalé. Mais la vague rétro a aussi saisi la jeunesse ivoirienne, à coups de redécouvertes de morceaux vintage sur TikTok, de projections de films de Henri Duparc ou d’engouement pour les vieux maillots de football. Une jeunesse nostalgique d’une période qu’elle n’a pourtant pas vécue, les décennies 1960-1970, celles du miracle économique et culturel ivoirien postindépendance, et d’un socle patrimonial commun qu’elle exhume et partage sur les réseaux sociaux.

« Le patrimoine ivoirien va au-delà du rap ivoire, du coupé-décalé et du zouglou », résume Thomas Lerousseau. Avec le Club Calao, qui rassemble soirées vinyles, playlists Spotify et page Instagram, celui qui se fait surnommer « Tonton Mehdi » s’est donné pour ambition de « faire redécouvrir la musique et les nuits ivoiriennes et ouest-africaines des années 1960 à 1980 ».

Une période longuement négligée, regrette un autre passionné, Cédric Kouamé. Son centre d’archives Baoulecore, qu’il tient sur fonds propres dans un petit appartement de Cocody, est une caverne d’Ali Baba riche de quelque 3 000 vinyles et 2 000 cassettes, presque tous des trésors musicaux tombés dans l’oubli. Il regrette, dit-il, que « la chaîne de transmission ait été rompue ». Aucun véritable centre national d’archives musicales, cinématographiques ou iconographiques n’existe en Côte d’Ivoire. Pour amasser son trésor, Cédric Kouamé a dû récupérer les collections de vieux Ivoiriens morts, données ou vendues par leurs enfants, et passer des annonces sur les radios locales, à l’intérieur du pays.

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