Pas vraiment en couple, mais un peu plus que des coups d’un soir ? Voici le situationship.
Ce mot décrit la relation entre deux personnes qui agissent comme un couple, mais sans en former un.
Cette pratique amoureuse se répand de plus en plus et révèle une peur de l’engagement fréquente chez les jeunes générations.

Lorsqu’on ouvrait un compte Facebook, il était possible de choisir entre plusieurs options pour décrire sa relation sentimentale : marié, en couple, célibataire ou le « c’est compliqué ». Vingt ans plus tard, les jeunes générations ont transposé ‘IRL’ (in real life) le « c’est compliqué ». Dans la vraie vie, ils appellent cela un « situationship ». Un couple qui n’en est pas vraiment un.

Le situationship, un entre-deux relationnel

Pas vraiment un couple, mais plus que des amis qui ont des relations intimes. Le situationship est un entre-deux relationnel, une histoire sentimentale sans étiquette. Pour le sociologue Christophe Giraud, il s’agit d’un « contrat-sérieux-léger« . Dans Le Monde, il détaille que ces « rapports du troisième type, qui ne relèvent ni de la relation sérieuse, engagée, exclusive, stable et amoureuse, ni de la relation légère, souvent sexualisée, sans sentiments ou volonté de faire couple« .

Une pratique très répandue notamment dans la Gen Z. Pour la coach en relations, Kate Mansfield, interrogée par le média The Independent, « les membres de la génération Z sont beaucoup plus fluides et expérimentaux. Ils hésitent souvent à utiliser les termes relatifs à l’engagement. Cela peut générer de la pression« . C’est un peu la même idée que l’amour liquide du sociologue polonais Zygmunt Bauman. Les amis-amants font tout comme un couple standard : passent du temps ensemble, chillent devant Netflix, sortent, ont des relations intimes, mais ils n’ont jamais officialisé la relation. La question de l’exclusivité n’est jamais abordée frontalement, mais relève de l’implicite. Toujours dans les colonnes de The Independent, la psychothérapeute de couple Marian O’Connor explique par ailleurs que les titres « petit ami et petite amie – ou même de sortie “officielle” – ne sont plus aussi faciles à utiliser aujourd’hui qu’avant« . Selon elle, « on parle souvent d’exclusivité quand on dit aux autres : “Je quitte les applications” comme si c’était une déclaration d’amour ! »

Derrière le situationship, la peur de l’engagement

D’après un sondage réalisé par l’application Hinge, 34% des utilisateurs ont été dans une situationship entre 2020 et 2021. Pour Christophe Giraud, il s’agit d’une « relation intermédiaire qui précède le couple ou refus à long terme de contractualiser ses sentiments« . C’est aussi une manière de contourner la peur de l’engagement. « Pour certains, cela peut provenir du divorce de leurs parents, ce qui les rend prudents », explique Kate Mansfield. Des traumatismes personnels vécus dans le passé, la peur de souffrir ou la valorisation de l’individu sont aussi des explications permettant de comprendre cette peur de l’engagement et le refus des étiquettes. « Nous valorisons la liberté de l’individu au détriment des valeurs familiales traditionnelles, ce qui se traduit souvent par une réticence à mettre des étiquettes sur les choses », ajoute Kate Mansfield.

Le « break » de Ross et Rachel dans « Friends », les aller-retours de Meredith et Derek dans « Grey’s Anatomy » ou Carrie et Big dans « Sex and the City ». Dans la fiction, cette zone grise peut être divertissante à suivre, dans la réalité, c’est… plus compliqué. Si pour certains, le situationship est synonyme de liberté, parfois cela peut être plus douloureux. En effet, parfois, elle peut même être vécue difficilement par le ou la partenaire qui s’imagine déjà dire « oui » à la mairie alors que l’autre ne veut rien de sérieux. Pour en sortir ou savoir où l’on se situe, il est important de communiquer afin de savoir ce que chacun cherche en termes de relation : exclusivité ou non ? Polyamour ? Relation ouverte ? Les experts rappellent également l’importance de se fixer des limites, de respecter ses besoins et de ne jamais compter sur l’autre pour changer d’avis.

Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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