En introduction du tchat de 11 h 45 avec Liselotte Mas et Manon Romain
La cellule enquête vidéo, lancée en 2019, continue de se développer autour d’un constat : la plupart ou presque des conflits, des catastrophes, des soulèvements sont filmés par un téléphone, des données stratégiques sont toujours plus facilement accessibles et des millions de personnes documentent leur quotidien sur les réseaux sociaux. Un brouhaha difficile à déchiffrer, à trier et surtout à vérifier.
Pour les six journalistes de l’équipe, l’objectif est de dénicher dans tout cela une image, un document rare qui nous permette de révéler une information nouvelle sur les grands enjeux de l’actualité : violences policières, sécurité du président de la République, guerre au Proche-Orient, en Ukraine, narcotrafic, entre autres.
Parce que les images sur lesquelles nous enquêtons sont sensibles et souvent filmées par des témoins, elles sont l’objet d’une authentification poussée : nous déterminons leur lieu précis, leur date voire leur heure grâce à de multiples indices et à des méthodes éprouvées.
Nous pouvons constituer un corpus de dizaines d’images qui viennent reconstituer un événement très précis, ou bien documenter à plus grande échelle des atteintes aux droits de l’homme dans des zones de conflit, par exemple. Cette approche a un surnom : l’« Osint », pour « renseignement en sources ouvertes » en anglais (open source intelligence). Elle permet d’enquêter sur le monde numérique, mais aussi et surtout d’aller là où le reportage se heurte à des frontières infranchissables, des zones trop dangereuses ou des milieux confidentiels.
Nous nous efforçons de restituer notre travail de la façon la plus transparente et la plus pédagogique possible, grâce aux cartes, aux schémas et aux reconstructions 3D fabriqués par des motion-designers spécialistes, et à des documents annexes détaillant nos sources et notre méthodologie. N’hésitez pas à poser des questions, j’essaierai d’y répondre le mieux possible.