John Swinney après avoir été élu premier ministre au Parlement écossais à Edimbourg, le 7 mai 2024.

Après la démission le 29 avril de Humza Yousaf, le nouveau chef du Scottish National Party (SNP, le parti indépendantiste écossais), John Swinney, a été élu sans surprise premier ministre, mardi 7 mai, par le Parlement local, avec pour lourde tâche de relancer sa formation, à la peine à l’approche des législatives britanniques. Il a recueilli 64 voix sur 129 au Parlement à Holyrood, quartier d’Edimbourg, où le SNP devance de loin les différents partis d’opposition mais n’a pas la majorité absolue.

Il doit désormais prêter serment à la Court of session, la plus haute juridiction civile écossaise. Au lendemain de son accession à la tête du parti pour remplacer M. Yousaf, John Swinney, vétéran de la politique locale âgé de 60 ans, qui a longtemps été numéro deux de l’exécutif, devient le troisième chef du gouvernement écossais en un peu plus d’un an. Il remplace Humza Yousaf, 39 ans, qui avait annoncé sa démission après avoir mis fin à sa coalition gouvernementale avec les écologistes. Ces derniers se sont abstenus lors du vote mardi.

Après son élection, M. Yousaf a salué le « privilège extraordinaire » que représente son mandat, promettant d’être un « premier ministre pour tous en Ecosse ». « Je donnerai tout ce que j’ai pour bâtir un avenir meilleur pour notre pays », a-t-il déclaré. Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, farouchement opposé à l’indépendance de l’Ecosse, a, dans un message sur X, exprimé son impatience de travailler avec John Swinney sur « les vraies questions qui comptent pour les familles », citant emploi, croissance et services publics.

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Parti dans la tourmente

Plus tôt dans la journée, Humza Yousaf, qui a été le premier chef de gouvernement écossais issu d’une minorité ethnique et le plus jeune, avait présenté officiellement sa démission dans une lettre au roi Charles III. Il est resté treize mois au pouvoir succédant à la charismatique Nicola Sturgeon, sans avoir pleinement réussi à incarner l’avenir. « En tant que jeune garçon musulman, qui est né et a grandi en Ecosse, je n’aurais jamais pu rêver un jour d’avoir le privilège de diriger mon pays », a-t-il écrit.

Le Parlement écossais est responsable de nombreux domaines, dont la santé et l’éducation, tandis que les affaires étrangères et la défense reviennent à Londres. La tâche s’annonce difficile pour John Swinney, proche de longue date de l’ancienne première ministre Nicola Sturgeon et qui représente plus que quiconque une certaine continuité. Le parti est fragilisé par l’enquête en cours sur ses finances, dans laquelle son ancien directeur général et mari de Nicola Sturgeon, Peter Murrell, est accusé de détournements de fonds.

John Swinney a été, de 2014 à 2023, le vice-premier ministre de Nicola Sturgeon avant de quitter ce poste au moment de la démission surprise de cette dernière. Il a déjà dirigé le SNP entre 2000 et 2004, lorsque ce parti était dans l’opposition.

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Un des principaux défis du nouveau dirigeant sera de limiter l’ascension du Parti travailliste en Ecosse, dans la perspective des élections au Parlement britannique. Alors qu’une partie de l’opposition accuse le SNP, au pouvoir depuis 2007, d’accorder la priorité à son combat pour l’autodétermination au détriment de la vie quotidienne des Ecossais, John Swinney a promis lundi de se concentrer sur « l’économie, l’emploi, le coût de la vie », ainsi que sur le système de santé, l’éducation et la crise climatique.

Il avait aussi évoqué son ambition de voir l’Ecosse devenir un pays indépendant. Un combat qui se trouve provisoirement dans l’impasse depuis que la Cour suprême britannique a statué, à la fin de 2022, que seul le gouvernement britannique pouvait autoriser un nouveau référendum. Le dernier vote, en 2014, avait été remporté par le non à l’indépendance à hauteur de 55 %.

Le Monde avec AFP

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