Lors d’une émeute contre les immigrés à Torre Pacheco, en Espagne, le 13 juillet 2025.

Dix personnes ont été interpellées depuis vendredi à Torre-Pacheco, ville du sud-est de l’Espagne touchée par des émeutes contre des immigrés, a annoncé la déléguée du gouvernement central dans la région de Murcie, Mariola Guevara, lundi 14 juillet. « A l’heure actuelle, dix personnes ont été arrêtées », a fait savoir Mme Guevara, interrogée par des journalistes sur le bilan des violences qui ont secoué ces derniers jours la ville.

Parmi les personnes interpellées, trois l’ont été dans le cadre de l’enquête ouverte après l’agression d’un retraité de la ville le 9 juillet, a précisé Mme Guevara. Elle avait déjà fait état de l’interpellation de deux « immigrés » n’habitant pas à Torre Pacheco. La troisième personne a été arrêtée au Pays basque, dans le nord du pays, alors qu’il se dirigeait vers la France, a-t-elle précisé lundi soir.

Les sept autres, un citoyen marocain et six Espagnols, ont été interpellées pour leur participation aux affrontements qui ont suivi. Ils sont poursuivis pour des délits de « troubles à l’ordre public », « haine » et « blessures volontaires », a-t-elle détaillé.

Selon la déléguée du gouvernement, près de 80 personnes ayant pris part à ces altercations ont par ailleurs été identifiées. « Beaucoup d’entre elles ont des antécédents pour des faits de violence » et « la majorité ne sont pas de Torre Pacheco », a-t-elle insisté.

Ces violences ont été déclenchées par l’agression en pleine rue, mercredi, d’un habitant de 68 ans, prénommé Domingo. Ce dernier a raconté à des médias espagnols, le visage tuméfié, avoir été attaqué par trois jeunes d’origine nord-africaine, sans motif apparent.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Espagne, Pedro Sanchez veut contrer le récit sécuritaire et met en avant une « migration synonyme de richesse et de développement »

Cette agression, filmée, a poussé des groupes d’extrême droite à se rassembler dans les rues de la ville pour cibler des personnes d’origine nord-africaine, entraînant de violents affrontements, malgré le déploiement d’importantes forces de sécurité.

Effectifs de police renforcés

« Hier, nous avions déjà déployé 90 agents de la garde civile », équivalent espagnol de la gendarmerie, et « leurs effectifs seront renforcés demain et dans les jours suivants », a précisé lundi Fernando Grande-Marlaska.

Le Monde Mémorable

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Découvrir

Interrogé sur la chaîne de télévision publique TVE, le maire de Torre-Pacheco, Pedro Angel Roca, a assuré de son côté que la situation avait été « maîtrisée » dimanche soir grâce à la présence policière.

Selon le maire, 30 % des 40 000 habitants de la ville sont des immigrés, principalement d’origine marocaine, et qui travaillent en grande majorité dans les exploitations agricoles. « Ce sont des gens qui vivent dans la ville depuis plus de vingt ans » et « ont des enfants », a assuré M. Roca. Mais « il y a aussi de la délinquance, bien sûr », a ajouté cet élu du Parti populaire (droite), en appelant à une présence policière renforcée tout au long de l’année et à l’interdiction pour les groupes d’extrême droite de se regrouper dans la ville.

« Les menaces, les agressions et la peur dans les rues doivent cesser », a dénoncé de son côté l’Association marocaine pour l’intégration des immigrés, en exigeant dans un communiqué « une véritable protection pour les personnes concernées ».

Selon les autorités, plusieurs mouvements d’ultradroite extérieurs à la ville ont participé aux affrontements. Parmi eux figurent le groupe « Deport them now » (« Expulsez-les maintenant »), qui a appelé sur Telegram à une « chasse » aux personnes d’origine nord-africaine.

Selon les dernières données de l’Institut national de statistique (INE), 920 000 Marocains vivaient en Espagne au 1er janvier 2024. Il s’agit de la principale diaspora dans ce pays, devant les Roumains (620 000 personnes).

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Immigration : en Espagne, le sort des mineurs isolés nourrit des tensions

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version