Depuis bientôt un an, mois après mois, économistes, gouvernements et banquiers centraux le prédisent : la consommation va bientôt reprendre. L’argument semble tomber sous le sens. D’un côté, l’inflation semble à peu près maîtrisée : elle était de 2,4 % sur l’ensemble de 2024 en zone euro, selon les données publiées par Eurostat, mardi 7 janvier. De l’autre, les salaires progressent, en moyenne de 5,4 % en 2024, selon l’indice calculé par la Banque centrale européenne (BCE). CQFD : le pouvoir d’achat en zone euro a progressé d’environ 3 % en 2024.

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Sauf que cette amélioration ne se matérialise pas avec une hausse des dépenses des ménages. La consommation reste en berne à travers la zone euro. Par habitant, au troisième trimestre, elle restait en recul en Autriche et en Allemagne ; en progression marginale en France et en Italie (+ 0,7 %). Seuls l’Espagne (+ 2 %) et le Portugal (+ 3,3 %) semblaient sortir la tête de l’eau.

L’explication est assez simple : les ménages ne se sont pas encore remis du violent choc des années 2022 et 2023. Ils restent plus pauvres qu’en 2021. « On a rattrapé une partie du pouvoir d’achat perdu. Mais, sur trois ans, il reste une perte nette », explique François Geerolf, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Les statistiques sont claires. En zone euro, les ménages ont perdu en moyenne 5 % de pouvoir d’achat depuis janvier 2021. En France, le recul est d’environ 3 %. Dans ce contexte, difficile de se remettre à consommer. D’autant que ces chiffres agrégés cachent des réalités très différentes. Les ménages les plus riches ont compensé leur perte de pouvoir d’achat avec une hausse des revenus du capital : la Bourse et les dividendes, en particulier, ont progressé sur trois ans, de même que l’immobilier. Ce n’est pas le cas des plus pauvres.

« Une certaine forme de sobriété »

Autre explication à cette atonie de la consommation, le taux d’épargne n’a jamais été aussi élevé, à 15,7 % du revenu au deuxième trimestre 2024 en zone euro. C’est trois points de plus qu’avant la pandémie. « Les ménages font face à de très fortes incertitudes, avance Eric Dor, directeur des études économiques à l’Iéseg, une école de commerce. En France, l’instabilité politique pèse sur le moral. En Allemagne, il y a des élections. Les risques géopolitiques demeurent très forts, notamment en Ukraine, et on ne sait pas si un nouveau choc énergétique est possible. On ne sait pas non plus à quelle sauce [le président élu des Etats-Unis, Donald] Trump, va manger l’Europe. »

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