A Budapest, Ujlipotvaros est devenu le lieu d’une vive controverse autour de la guerre à Gaza. Depuis la publication, le 25 août, d’une pétition signée par 300 personnalités juives hongroises dénonçant, pour la première fois en Hongrie, « la destruction brutale » et « la famine » à Gaza, une grande partie des juifs libéraux de ce quartier de tradition bohème et intellectuelle de la rive gauche du Danube ne se parlent plus qu’à coups de tribunes, de contre-tribunes et de posts rageurs sur Facebook.

Jusqu’à récemment réputés pour leur engagement à gauche et leur opposition au premier ministre nationaliste, Viktor Orban, les 80 000 à 100 000 juifs hongrois, première communauté en Europe centrale, se déchirent au grand jour autour de la guerre que mène Israël à Gaza en représailles à l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas, et du soutien indéfectible apporté par le gouvernement hongrois au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Se revendiquant « à la fois projuifs et propalestiniens », les auteurs de la pétition reprochent au gouvernement hongrois d’interdire toute manifestation propalestienne et « aux organisations juives hongroises » leurs « propos extrémistes et partiaux ».

A l’initiative d’une musicienne, Vera Jonas, ce texte veut donner la parole aux « acteurs juifs qui ne représentent pas la position du gouvernement extrémiste israélien ». Il a été signé par plusieurs personnalités, comme l’historien spécialiste de la Shoah Laszlo Karsai. Même si elle évite d’aborder la question sensible des accusations de crimes de guerre ou de génocide visant l’Etat hébreu, la pétition a déclenché un tollé chez d’autres personnalités juives, également connues pour leur engagement à gauche. Le philosophe des religions Gabor György a publié une longue tribune accusant les signataires de ne pas avoir rappelé « le droit d’Israël de se défendre », et de se cacher derrière « un faux humanisme » pour « collaborer avec ceux qui veulent verser le sang des juifs ».

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