
De la colère, beaucoup de colère en Indonésie. Et des manifestations meurtrières, qui embrasent l’archipel depuis plus d’une semaine. Confronté à la pire crise depuis sa prise de fonction en octobre 2024, le président indonésien Prabowo Subianto a tenté, dimanche 31 août, d’apaiser les tensions. Dans un message adressé à la plus grande nation d’Asie du Sud-Est, de 283 millions d’habitants, le dirigeant de 73 ans a concédé certaines revendications de la rue, comme annuler la hausse décriée des indemnités parlementaires, mais il n’a pas manqué de se montrer inflexible sur le côté sécuritaire, qualifiant de « trahison » et de « terrorisme » les émeutes et pillages en marge du mouvement. Preuve de l’urgence, il a annulé son déplacement en Chine, où il devait assister, le 3 septembre à Pékin, au défilé militaire marquant les 80 ans de la victoire sur le Japon.
Les rassemblements ont d’abord montré un visage pacifique. Etudiants et syndicalistes se sont réunis, le 25 août, devant le Parlement, à Jakarta, pour dénoncer une décision jugée indécente : l’octroi d’une allocation logement de 50 millions de roupies (2 600 euros) aux législateurs. Soit dix fois le salaire minimum dans la capitale. Un privilège insupportable pour la population fragilisée, des plus modestes jusqu’à la classe moyenne en recul, étranglés par la stagnation des salaires, le chômage très élevé des jeunes ( 16 % des 15-24 ans) et les vagues de licenciements massifs qui frappent divers secteurs de l’économie.
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