A vingt-quatre heures de la Marche des fiertés de Budapest, qui doit partir, samedi 28 juin, de la place de l’Hôtel de ville, en plein cœur de la capitale hongroise, personne ne savait encore, vendredi 27 juin au matin, si le cortège pourrait s’élancer et dans quelles conditions. Dans un flou juridique total, le gouvernement nationaliste du premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui a fait adopter, en mars, une loi visant à interdire la tenue de cet événement organisé chaque année depuis 1997, continuait de menacer les participants d’amendes pouvant aller jusqu’à 500 euros et de peines de prison « allant jusqu’à un an ».

Le ministre de la justice, Bence Tuzson, est allé jusqu’à écrire au personnel diplomatique des ambassades ayant affiché leur soutien au défilé – dont celle de la France – pour leur rappeler le cadre juridique de la loi sur « la protection de l’enfance », qui interdit la représentation de l’homosexualité auprès des mineurs. En face, les organisateurs et le maire de Budapest, Gergely Karacsony, issu de l’opposition, maintenaient que la transformation de la « Pride » en « événement municipal » rendait l’interdiction de la police nationale illégitime.

En dépit de ces incertitudes, le gouvernement français a annoncé, jeudi 26 juin, qu’il dépêcherait samedi, à Budapest, son ambassadeur pour les droits des personnes LGBT +, Jean-Marc Berthon. Il devrait rejoindre la soixantaine d’eurodéputés de gauche, écologistes et du centre, qui ont annoncé leur venue à Budapest, ainsi que la commissaire européenne chargée de l’égalité, la social-démocrate belge Hadja Lahbib, et des dizaines d’élus nationaux issus de différents pays de l’Union européenne. Cette affluence de personnalités politiques devrait transformer cette Pride en une protestation paneuropéenne inédite contre les dérives autoritaires de Viktor Orban.

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Interrogé en marge du Conseil européen à Bruxelles, jeudi, le chef du gouvernement hongrois a assuré que la police « ne ferait pas de mal » à la trentaine de milliers de participants attendus par les organisateurs, mais sa loi prévoit que celle-ci puisse déployer des outils de reconnaissance faciale pour punir sur place n’importe quel participant, sous réserve qu’il soit enregistré dans les bases de données biométriques hongroises. A cela s’ajoute le risque que les groupes néonazis ayant annoncé vouloir être aussi présents à Budapest perturbent le cortège en commettant des violences, comme cela s’est déjà produit.

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