
Deux individus ont été arrêtés en Iran après la participation de femmes non voilées à un marathon, qui a suscité la controverse, a annoncé samedi 6 décembre l’agence du pouvoir judiciaire. Selon les médias locaux, plus de 5 000 participants ont pris part vendredi matin au marathon de Kish, du nom de cette île touristique du sud de l’Iran située dans le Golfe.
Plusieurs courses étaient réservées aux femmes. Un certain nombre d’entre elles ont participé non voilées, contrairement à l’obligation de port du voile en vigueur en Iran depuis quatre décennies, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.
Vendredi soir, la justice iranienne a lancé des poursuites à l’encontre des organisateurs de l’événement pour « indécence », après la participation de femmes non voilées, avait rapporté l’agence du pouvoir judiciaire, Mizan. « La manière dont l’événement s’est déroulé était contraire à la décence », a estimé le procureur général de Kish, cité par Mizan.
« Une procédure pénale a été engagée » à l’encontre des organisateurs, ajoute l’agence, appelant à des mesures « fermes, dissuasives et sans indulgence ». L’agence de presse Tasnim a, pour sa part, fustigé une « absence totale de surveillance et le non-respect des règles vestimentaires par une partie importante des participantes ».
Samedi dans l’après-midi, la justice iranienne a fait état de l’arrestation de « deux des principaux organisateurs » de la compétition à Kish. « Deux des principaux organisateurs de la compétition ont été arrêtés en vertu d’un mandat d’arrêt », a précisé l’agence Mizan. « L’une des personnes arrêtées est un fonctionnaire de la zone franche de Kish et l’autre travaille pour l’entreprise privée organisatrice de la compétition », a précisé l’agence de presse de la justice.
Le voile divise la classe politique iranienne
En vertu des règles imposées après la révolution islamique de 1979, toutes les femmes en Iran doivent se couvrir les cheveux avec un voile (hijab) en public et porter des vêtements sobres et amples. Mais cette obligation est de moins en moins respectée en Iran, où nombre de femmes sortent désormais non voilées dans la rue, certaines vêtues de tenues légères.
Des personnalités du clergé et des conservateurs sont vent debout contre ce qu’ils estiment être la généralisation de la « nudité » et une percée de l’influence occidentale, perçue comme une menace.
Le voile divise la classe politique. Le président, Massoud Pezeshkian, considère que l’on ne peut pas contraindre une femme à porter le voile. Cette semaine, plus de la moitié des députés ont accusé la justice de laxisme pour ne pas faire respecter la loi.
Le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a de nouveau prôné jeudi plus de fermeté. Ces derniers mois, les autorités ont fermé plusieurs cafés et restaurants pour non-respect du voile obligatoire, tandis que des concerts et des expositions ont pu accueillir des spectatrices sans voile.

