D’ordinaire, les mercredis sont paisibles sur la place du marché de Beaurepaire, 4 800 habitants, en Isère. On papote entre les étals, on boit un café. Mais mercredi 3 juillet, le fond de l’air est âcre. « Avant, jamais on les aurait laissés tracter ici ! », s’agace David Dubois, sapeur-pompier, « socialiste depuis toujours » et rugbyman « génération black-blanc-beur » : « Là regardez-les, ils se sentent à l’aise, pas gênés de propager leurs idées. Ça me tend. »

« Ils », c’est l’extrême droite. Le porte-parole du Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu, est descendu de Paris pour soutenir son candidat et ancien assistant parlementaire. Les habitants ne sont pas nombreux à identifier ce dernier parmi le bataillon de blazers : Benoît Auguste, 44 ans, est directeur d’école « en disponibilité » et conseiller régional d’opposition. « Un parachuté de Lyon qui a pris un meublé dans le coin y a trois semaines », s’agace-t-on en face.

Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national, tracte sur la marché de Beaurepaire pour soutenir le candidat Benoît Auguste, dans la 7ᵉ circonscription de l’Isère, mercredi 3 juillet 2024.

« La 7e » de l’Isère fait partie des circonscriptions serrées que le RN espère ajouter à son tableau de chasse : il y a fait 42,1 % au premier tour, contre 27,6 % pour le député Les Républicains (LR) sortant, Yannick Neuder. Troisième, la candidate du Nouveau Front populaire – Parti communiste français (NFP-PCF) s’est désistée en sa faveur.

Combien, sur les dix circonscriptions du département, éliront un député RN dimanche 7 juillet ? En 2022, seule la 6e avait basculé – le candidat sortant y a une grosse avance. Deux ans plus tard, le RN semble en bonne position pour en gagner davantage, notamment dans le Nord. Une situation qui préoccupe nombre d’électeurs, de droite comme de gauche, tourmentés de devoir voter pour l’autre bord au nom du barrage.

« On se retrouve toujours acculés »

A Beaurepaire, terre auparavant socialiste, des élus locaux de tous bords sont venus serrer les rangs autour de M. Neuder. Ils sont 110 à lui apporter leur soutien républicain dans les pages du Dauphiné libéré. Conseiller régional LR et président des LR d’Isère, il a voté pour l’exclusion du président contesté du parti, Eric Ciotti. Allure bonhomme, le cardiologue au centre hospitalier universitaire de Grenoble résidant à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs semble apprécié.

« Il est de droite, mais c’est avant tout un élu engagé, humaniste, qui accompagne des projets structurants », salue André Mondange, maire PCF de Péage-de-Roussillon. Tous s’inquiètent qu’un « parachuté » puisse « prendre en otage le territoire ». M. Neuder est conscient du tiraillement des électeurs à gauche à l’idée de voter à droite : « Mais c’est notre socle de valeurs communes qui est en jeu. »

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