Pour le deuxième jour consécutif, le Hamas a publié, samedi 2 août, la vidéo d’un otage israélien capturé lors de l’attaque du 7 octobre 2023 sur le sol de l’Etat hébreu, et retenu depuis près de vingt-deux mois dans la bande de Gaza.
Dans cette version d’environ cinq minutes – que Le Monde a visionnée et dont l’authenticité et la date d’enregistrement ne peuvent être déterminées –, Evyatar David est amaigri et visiblement affaibli. Le jeune homme, âgé de 24 ans, dit ne pas avoir mangé pendant des jours et ne pas savoir ce qu’il va manger. Face à la caméra, dans un tunnel, il précise être le 27 juillet à midi. « Je ne mange que des lentilles et des haricots », déclare-t-il puis ajoute qu’il ressent « avoir été abandonné ».
Vendredi, le mouvement islamiste palestinien avait diffusé une première version d’une minute de cette vidéo. La mise en scène vise à faire le parallèle avec la situation humanitaire actuelle à Gaza et insiste – avec notamment l’image d’un sablier – sur la nécessité de trouver une solution au plus vite si Israël veut sauver la vie des captifs.
La branche armée du Jihad islamique palestinien avait, elle, publié jeudi la vidéo d’un autre otage, identifié comme Rom Braslavski, 21 ans, un citoyen israélo-allemand enlevé également lors de l’attaque sanglante du Hamas, son allié. Dans la vidéo où il s’exprime manifestement sous la contrainte, il semble lui aussi très affaibli.
Une propagande « ignoble » du Hamas, selon les familles d’otages
La publication successive de ces vidéos a suscité un nouvel émoi en Israël et ravivé le débat sur la nécessité d’un accord pour libérer les otages, après un nouvel échec en juillet de négociations indirectes entre le Hamas et Israël. Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, quarante-neuf restent retenues à Gaza dont vingt-sept déclarées mortes par l’armée israélienne.
La famille d’Evyatar David a condamné une propagande « ignoble » du Hamas, qui viole « les standards humanitaires les plus basiques », jugeant que le jeune homme « n’a plus que quelques jours à vivre dans son état actuel ».
« Les visages des otages (…) disent tout. Forcés de creuser leurs propres tombes. Tourmentés avec des exécutions. Affamés, torturés, dépérissant », s’est indigné, de son côté, le président israélien, Isaac Herzog, sur X. Le Hamas « affame le peuple de Gaza, en pillant l’aide et en bloquant les livraisons humanitaires qu’Israël a travaillé avec ses partenaires internationaux à augmenter », a-t-il aussi fustigé.
« Ramenez-les à la maison maintenant ! »
Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a, lui, dénoncé « des images ignobles, insupportables », des otages israéliens dont le calvaire « doit cesser ». « Ils doivent être libérés, sans condition. Le Hamas doit être désarmé et exclu de la gouvernance de Gaza », a-t-il dit, ajoutant à propos de ce territoire que « l’aide humanitaire doit y entrer massivement ».
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Sur la « place des otages », à Tel-Aviv, une manifestation pour demander le retour des personnes enlevées et détenues dans la bande de Gaza a eu lieu, samedi, en présence de Steve Witkoff, l’émissaire américain. Au lendemain de son déplacement à Gaza, M. Witkoff a été accueilli aux cris de « Ramenez-les à la maison maintenant ! ». Il s’est ensuite entretenu avec des membres des familles des otages. Dans la soirée, près de 60 000 personnes se sont rassemblées sur la même place pour demander de nouveau la libération des otages, selon le forum des familles.
Le ministre des affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a dit avoir « transmis un message urgent à ses collègues du monde entier » et avoir « initié une réunion spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies [ONU] » sur cette question des otages. « J’estime que dans les prochains jours, nous saurons si nous pouvons parvenir à un accord pour la libération de nos otages. Sinon, le combat continuera sans répit », a pour sa part déclaré le chef d’état-major israélien, Eyal Zamir.
Washington promet d’augmenter l’aide à Gaza
Samedi, trente-deux Palestiniens ont été tués par de nouveaux tirs et bombardements israéliens dans la bande de Gaza, dont quatorze qui attendaient de l’aide, selon la défense civile du territoire palestinien. De son côté, l’armée israélienne a annoncé avoir tué à Gaza un commandant de rang intermédiaire de la branche armée du Hamas.
Un employé du Croissant-Rouge palestinien a également été tué et trois autres blessés dans une frappe israélienne ayant visé le siège de l’organisation à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé l’organisation dimanche. La frappe a provoqué l’incendie du premier étage du bâtiment, a-t-elle ajouté dans un communiqué posté sur X.
L’attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse réalisé à partir de données officielles. Les représailles israéliennes ont fait plus de 60 000 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Depuis le début de la guerre, Israël assiège plus de deux millions de Palestiniens entassés dans un territoire de 365 kilomètres carrés, déjà soumis à un blocus israélien depuis plus de quinze ans. L’Etat hébreu a levé fin mai le blocus humanitaire total qu’il avait imposé début mars, mais il n’autorise l’entrée que de quantités très limitées, jugées insuffisantes par l’ONU qui estime que le territoire palestinien, totalement dépendant de l’aide humanitaire, est désormais menacé d’une « famine généralisée ».
Vendredi, M. Witkoff a promis à Gaza d’augmenter l’aide humanitaire, et s’est affiché rencontrant des habitants. Le Hamas a fustigé une « mise en scène (…) visant à (…) fournir une couverture politique à la campagne de famine en cours et au meurtre systématique de civils innocents ».