Des milliers de milliards de neutrinos traversent notre corps chaque seconde à la vitesse de la lumière.
Venus du cosmos, ces minuscules grain de matière se déplacent à une vitesse proche de celle de la lumière.
TF1info vous explique pourquoi cette découverte met en ébullition le petit monde de la physique.
Une équipe internationale de scientifiques a annoncé, mercredi 13 février, la découverte d’un neutrino extraordinaire et insaisissable. L’énergie produite par ce minuscule grain de matière était équivalente à 200 millions de milliards d’électronvolts, un chiffre colossal, encore jamais détecté sur Terre : l’équivalent de 30.000 fois l’énergie déployée par l’accélérateur de particules LHC du CERN. Venu du cosmos, le neutrino se déplace à une vitesse proche de celle de la lumière. Il n’a pas de charge électrique, presque pas de masse et n’interagit que faiblement avec la matière, ce qui rend sa détection extrêmement difficile. L’observation, qui a donné lieu à une publication dans la revue Nature (nouvelle fenêtre), a mis le petit monde la physique en ébullition.
Les neutrinos sont des « messagers cosmiques spéciaux« , décrypte Rosa Coniglione, chercheuse à l’Institut italien de physique nucléaire, dans un communiqué (nouvelle fenêtre). Les événements les plus violents de l’Univers, comme l’explosion d’une supernova (nouvelle fenêtre) (une étoile en fin vie), la fusion de deux étoiles à neutrons (nouvelle fenêtre) ou l’activité autour des trous noirs supermassifs, (nouvelle fenêtre) génèrent des neutrinos dits à « ultra-haute énergie ». Comme ces particules interagissent peu avec la matière, elles peuvent s’échapper des zones denses qui les ont produites, puis voyager en ligne droite à travers l’Univers, et fournir ainsi des informations précieuses, inaccessibles par des méthodes plus classiques, sur les phénomènes astrophysiques à leur origine.
Depuis que les physiciens ont découvert que la matière était composée d’atomes, ils n’ont eu de cesse d’identifier les particules élémentaires qui composent ces atomes ou interagissent avec eux. Mais pour espérer en capturer quelques-uns au vol, les scientifiques ont besoin d’un énorme volume d’eau (au moins un kilomètre cube, soit l’équivalent de 400.000 piscines olympiques). L’observatoire sous-marin KM3NeT, qui gît à 2.500 mètres de profondeur au fond de la mer Méditerranée, au large de la Sicile, a détecté cette « particule fantôme » le 13 février 2023. En traversant l’eau à toute vitesse, elle a produit un phénomène appelé rayonnement Cherenkov – une lueur bleue – qui peut être détecté.
L’événement qui a produit ce neutrino « est inconnu », mais « ce dont nous sommes assez sûrs, c’est qu’il ne vient pas de notre galaxie« , souligne Damien Dornic, chercheur au Centre de physique des particules de Marseille (Bouches-du-Rhône), cité par l’AFP. « À l’époque où cet événement s’est produit, notre système d’alerte aux neutrinos était encore en développement« , a indiqué lors d’une conférence de presse Aart Heijboer, professeur à l’Institut néerlandais de physique subatomique (Nikhef) et membre du KM3NeT. D’ici la fin de l’année, lors d’une nouvelle détection, une alerte sera envoyée « à tous les télescopes du monde entier afin qu’ils puissent pointer dans cette direction » du ciel et chercher une source. La traque se poursuit.