Le parti de Viktor Orban, le Fidesz, a connu plusieurs changements importants au cours des décennies. Un moment précis qui l’a mis sur la voie de la radicalisation fut les élections de 2002, lorsque son parti a perdu les élections alors qu’il espérait les gagner. Orban a expliqué sa défaite par la domination des médias libéraux et la persistance de ce qu’il appelait les « structures figées » postcommunistes. Il est arrivé à la conclusion que le statu quo politique était injuste, que le véritable changement de régime ne pouvait se faire que par des moyens plus radicaux et que les conservateurs devaient prendre des mesures dont ils s’étaient jusqu’ici tenus à distance.

Après sa nouvelle défaite en 2006, Orban a lancé une attaque politique agressive contre ses rivaux. Il a polarisé le discours public, dépeignant la coalition gouvernementale gauche libérale comme « l’ennemie de la nation » et s’est efforcé de mobiliser constamment les mouvements de rues. La guerre froide politique qui a duré plusieurs années a culminé avec la crise économique de 2008, qui a ouvert la voie à la victoire électorale écrasante d’Orban en 2010.

Peu avant ces élections qui ont changé sa vie, Orban a prononcé un discours devant l’élite de son parti, en déclarant qu’ « il suffisait de gagner une seule fois, mais de manière décisive, c’était la voie à suivre ». Il leur a expliqué qu’un système de pouvoir politique dispose de trois ressources qu’il fallait entretenir pour conquérir et conserver le pouvoir : les votes, l’idéologie et l’argent. C’est à cela que les Français doivent se préparer en élisant au pouvoir une formation politique radicale et révolutionnaire. (…)

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La supermajorité parlementaire a permis à Orban de placer ses amis fidèles dans chaque institution de l’Etat. Les amis personnels d’Orban ont été parachutés pour des mandats de neuf à douze ans à la Cour constitutionnelle, à l’autorité nationale des médias, à l’autorité de la concurrence, à la Cour des comptes et au bureau du procureur.

Un parti assoiffé de vengeance

Cette prise de contrôle a permis de s’assurer qu’aucun comportement répréhensible du gouvernement n’aurait à répondre de ses actes, ce qui n’est pas surprenant puisque ce sont toujours les premières mesures que prennent les autocrates lorsqu’ils s’emparent du pouvoir. En l’espace de quelques années, le système d’équilibre des pouvoirs qui devait protéger l’intégrité du système démocratique a disparu. Par des choix réfléchis, le parti au pouvoir s’est emparé des institutions étatiques autrefois indépendantes, et qui sont progressivement devenues les piliers du régime à parti unique. (…)

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