
De nouvelles exactions contre des civils se sont produites dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), faisant 89 morts, a déclaré la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) dans un communiqué publié vendredi 21 novembre. Les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF, selon son sigle anglais), qui ont prêté allégeance à l’Etat islamique, ont mené des attaques « particulièrement meurtrières » du 13 au 19 novembre dans plusieurs localités du territoire de Lubero, situé dans le nord de la province du Nord-Kivu.
« Le bilan des attaques dans le secteur de Bapere et la chefferie de Baswagha », des subdivisions administratives situées dans le territoire de Lubero, « est de 89 civils tués dont au moins 20 femmes et un nombre encore indéterminé d’enfants », a affirmé l’organisation.
Les ADF ont tué au moins 17 civils « dont des femmes dans la maternité », dans un centre de santé de l’Eglise catholique à Byambwe, une localité située à 60 kilomètres à l’ouest de Lubero, et incendié « quatre pavillons abritant des malades », a ajouté la Monusco. Le bilan de cette attaque établi par l’Agence France-Presse (AFP) le 15 novembre s’élevait à au moins 18 personnes tuées. La Croix-Rouge locale avait fait état d’un bilan de 23 morts.
« D’autres localités, notamment Mabiango, Tunarudi, Sambalysa, Thucha et Butsili, ont également été la cible d’exactions comprenant des enlèvements, des pillages de médicaments, des incendies de maisons et la destruction de biens », a précisé la Monusco.
Massacres et pillages à répétition
L’est de la RDC est en proie à des violences depuis trente ans et une multitude de groupes armés et de milices y sont présents. Le groupe antigouvernemental M23 soutenu par le Rwanda s’est emparé entre janvier et février de vastes pans de territoires dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.
Au nord de la zone d’activité du M23, les ADF, un groupe armé formé par d’anciens rebelles ougandais, commettent des massacres et des pillages à répétition, le plus souvent dans des villages isolés des provinces orientales du Nord-Kivu et de l’Ituri, où l’armée tarde à intervenir. Ils ont tué plus de 260 personnes depuis juillet, en très grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP.
Depuis 2021, l’armée ougandaise s’est déployée dans la partie septentrionale du Nord-Kivu et dans l’Ituri, pour combattre les ADF aux côtés de l’armée congolaise. Cette opération conjointe, baptisée « Shujaa », n’a toutefois pas mis fin aux violences.
Une armée impuissante
L’armée congolaise, déjà aux prises avec le groupe armé M23 dans le sud du vaste territoire de Lubero, se révèle largement impuissante face aux attaques des ADF, qui manœuvrent par petits groupes et trouvent facilement refuge dans les denses forêts de la région. Après chaque attaque, habitants et organisations de la société civile fustigent la lenteur de la riposte des militaires.
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Muhindo Tafuteni, président de la société civile du territoire de Lubero, joint par l’AFP, déplore un « effectif militaire réduit », une « logistique insuffisante » et « l’absence d’officiers militaires pour mener la traque des tueurs », mais également « l’état de délabrement avancé » des routes, qui complique les déplacements des patrouilles.
Le secteur de Bapere, dans le territoire de Lubero, est réputé pour ses gisements d’or, qui attirent diverses milices locales et bandes criminelles. Les ADF y ont mené plusieurs attaques meurtrières depuis juillet. Ils avaient tué au moins 71 personnes dans le village de Ntoyo, en septembre.

