Vu du modeste salon des Toader, une famille rom des faubourgs de Tintesti, bourg pauvre et rural à deux heures de route au nord de Bucarest, l’heure d’une nouvelle révolution approche en Roumanie. « Le peuple s’est réveillé ! », jubile Georgeta Toader, 55 ans, une grande brune au bras entouré d’un bas de contention, qui vit de sa maigre pension d’invalidité et de la débrouille typique des zones rurales roumaines. « J’ai toujours soutenu le Parti social-démocrate [PSD], mais on a tous changé d’avis en 2024 », assure cette électrice qui a voté pour George Simion, le candidat d’extrême droite arrivé largement en tête du premier tour de la présidentielle, dimanche 4 mai, avec 41 % des voix. Sur son téléphone portable, les vidéos du candidat défilent sur TikTok, un réseau social très populaire en Roumanie.
« Nous sommes à 7 kilomètres de [la ville de] Buzau, et on n’a même pas de gaz et d’eau courante, ce serait mieux que Trump arrive tout de suite en Roumanie », bondit à ses côtés, rouge de colère, Dana, une cousine qui assure avoir basculé en faveur de M. Simion à force d’attendre la construction des canalisations. « Il faut un changement radical. J’ai longtemps continué d’espérer dans le PSD, mais notre pays a été détruit », ajoute la nièce, Silviana Preda, 49 ans, expliquant vivre de 1 200 lei (230 euros) d’indemnités de maladie, après avoir gagné sa vie pendant quelques années en faisant la manche à Oslo, la capitale norvégienne.
Longtemps premier parti des campagnes roumaines, le PSD n’est plus, pour ce petit groupe de déçus, qu’une bande de « menteurs » et de « voleurs », qui ont pris « tout l’argent de l’Union européenne [UE] sans rien faire ».
Voix de la diaspora
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