Nous, universitaires de toutes disciplines, exprimons notre profonde consternation face à la décision du gouvernement français de suspendre, depuis le 1er août, les évacuations des étudiants palestiniens de Gaza, y compris celle prévue le 6 août. Une telle décision va à l’encontre des principes fondamentaux de l’Etat de droit : alors qu’une étudiante rescapée de Gaza est accusée d’antisémitisme [l’étudiante Nour Attaalah est partie au Qatar, le 3 août], ce sont tous les étudiants palestiniens de Gaza qui sont punis. Le droit pénal, qui affirme par ailleurs la présomption d’innocence, ne connaît de responsabilité que personnelle : « Nul n’est responsable pénalement que de son propre fait » (art.121-1 du code pénal).

Dès lors que la situation à Gaza justifie que toute personne fuyant cette zone peut bénéficier d’une protection internationale, la Cour nationale du droit d’asile a affirmé, dans une décision inédite rendue le 11 juillet, que « les ressortissants palestiniens originaires de la bande de Gaza non protégés par l’Organisation des Nations unies peuvent se voir accorder le statut de réfugié en application de la convention de Genève de 1951 en raison des méthodes de guerre utilisées par les forces israéliennes depuis la fin, en mars 2025, du cessez-le-feu conclu le 19 janvier 2025 ». Le récent durcissement de la politique française, en contradiction avec cette reconnaissance, est d’un cynisme glaçant.

Cette décision politique est lourde d’implications au moment où les bombardements et la famine organisée continuent de tuer chaque jour des dizaines de Palestiniens à Gaza. En suspendant les évacuations, la France laisse penser que les Gazaouis déjà accueillis n’auraient pas dû l’être. Elle entache d’un risque de suspicion quelque procédure que ce soit qui serait lancée à l’avenir, alors même que les évacuations deviennent de plus en plus urgentes. La France aggrave ainsi sa participation au projet israélien d’effacement et d’extermination des Palestiniens à l’œuvre dans la bande de Gaza.

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