
Les combats ont cessé à Souweïda, dans le sud de la Syrie, et un premier convoi d’aide humanitaire a pu gagner la ville dévastée, dimanche 20 juillet. Le cessez-le-feu est entré en vigueur dans la nuit de samedi à dimanche, après une semaine d’affrontements intercommunautaires qui ont fait plus de 1 100 morts, selon une ONG.
Ces violences, qui interviennent après des massacres de centaines de membres de la communauté alaouite en mars sur le littoral, fragilisent encore plus le pouvoir islamiste d’Ahmed Al-Charaa qui s’est pourtant engagé à protéger les minorités, dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile.
Les affrontements ont éclaté le 13 juillet entre des groupes druzes et des Bédouins sunnites, aux relations tendues depuis des décennies. Des forces de sécurité et des combattants de tribus arabes venus d’autres régions syriennes sont alors intervenus, prenant le parti des Bédouins, selon des ONG et des témoins.
Des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) présents en périphérie de Souweïda et dans cette ville de quelque 150 000 habitants ont fait état d’une journée calme dimanche. Un premier convoi d’aide humanitaire est entré dans la ville sinistrée, privée d’eau et d’électricité et où les vivres commençaient à manquer.
Le convoi comprenait 32 véhicules chargés de vivres, de matériel médical, de carburant et de sacs mortuaires, selon Omar Al-Maliki, porte-parole du Croissant-Rouge syrien. La morgue de l’hôpital gouvernemental de Souweïda est pleine et des corps jonchent le sol à l’extérieur de l’établissement, a constaté dimanche un photographe de l’AFP.
Les assaillants ont laissé leurs marques
Les autorités avaient annoncé dans la nuit de samedi à dimanche la fin des combats dans la ville à majorité druze, précisant que celle-ci avait été évacuée par les combattants tribaux. Un porte-parole du Conseil syrien des tribus et clans a confirmé à la chaîne Al-Jazira que les combattants avaient quitté la ville « en réponse à l’appel de la présidence et aux termes de l’accord » de cessez-le-feu.
Samedi, ces hommes étaient entrés dans la partie ouest de la ville, où un correspondant de l’AFP a vu des dizaines de maisons et de voitures brûlées et des hommes armés mettre le feu à des magasins après les avoir pillés.
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Sur les murs de maisons de la ville, dans un quartier qui a connu de violents affrontements, les assaillants ont laissé leurs marques : « Porcs de Druzes », « Nous venons vous égorger », affirment des graffitis, selon un photographe de l’AFP.
L’émissaire spécial des Etats-Unis pour la Syrie, Tom Barrack, a dit sur X que le prochain pas vers « une désescalade durable est un échange complet d’otages et de détenus, dont la logistique est en cours ».
L’annonce du cessez-le-feu par Damas est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël, qui affirme vouloir protéger les Druzes. Cet accord a permis le déploiement des forces gouvernementales dans la province – mais pas dans la ville même de Souweïda –, ce que refusait jusqu’alors Israël.
Israël, qui abrite une minorité druze, avait bombardé des positions gouvernementales à Souweïda et à Damas plus tôt dans la semaine, pour contraindre les forces gouvernementales à se retirer de la région.
Près de 128 000 déplacés
Les violences ont fait plus de 1 100 morts en une semaine, selon un nouveau bilan fourni par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Ce bilan inclut 427 combattants et 298 civils druzes, dont 194 « exécutés sommairement par des membres des ministères de la défense et de l’intérieur ». Dans l’autre camp, 354 membres des forces gouvernementales et 21 Bédouins sunnites ont été tués. Par ailleurs, 15 membres des forces gouvernementales ont été tués dans des frappes israéliennes, d’après l’ONG.
Près de 128 000 personnes ont été déplacées par les violences, d’après l’Organisation internationale pour les migrations.
Des affrontements avaient opposé en avril des combattants druzes aux forces de sécurité près de Damas et à Souweïda, faisant plus de 100 morts. Présente principalement à Souweïda, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700 000 membres. Cette minorité est aussi implantée au Liban et en Israël.
En mars, plus de 1 700 personnes, essentiellement des membres de la communauté alaouite dont est issu l’ex-président Bachar Al-Assad, avaient été tuées dans des massacres après des affrontements dans l’ouest du pays, selon un bilan de l’OSDH.