Sous l’imposante voûte du mausolée de Hafez Al-Assad, dévasté par un incendie, Mohammed avance, avec solennité. Le Libanais de 32 ans a fait plusieurs heures de route depuis le quartier de Bab Al-Tabbaneh, à Tripoli, pour rejoindre les hauteurs de Qardaha, au cœur de la montagne alaouite syrienne, et uriner sur la tombe du patriarche du clan Al-Assad, au pouvoir de 1971 à 2000. L’armée syrienne a tué son oncle, dans les années 1980, quand elle occupait le Liban. « Je n’étais pas né, mais j’ai grandi dans la haine de ce régime », justifie Mohammed (les personnes citées par leur seul prénom ont souhaité rester anonymes).
Son ami de Hama, combattant au sein de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), évoque, à son tour, le massacre, perpétré, en 1982, par l’armée d’Al-Assad contre des dizaines de milliers d’habitants de la localité syrienne, pour écraser la rébellion des Frères musulmans. « La rivière de sang commence avec Hafez Al-Assad et se termine avec Bachar Al-Assad », devenu président à la mort de son père, en 2000, résume Imad.
Dans la ville natale du clan honni, dont la Syrie a subi la dictature pendant cinquante-trois ans, les palais, avec vue sur les champs d’oliviers, ont été abandonnés aux pillards. Le clan Al-Assad et ses proches ont fui le pays, à la chute du régime, le 8 décembre, laissant la communauté alaouite, un courant dissident du chiisme dont il est issu, livrée à son sort.
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