Par centaines, les visages s’affichent sous une grande tente. Un nom, un prénom et la date d’une disparition. Les habitants s’y recueillent en silence. Certains sanglotent. Des enfants mettent sur un portrait le prénom d’un père, d’un oncle, d’une tante : « Zoheir Ahmad Salah, arrêté en 2020 » ; « Fadia Anad Al-Chalah, arrêtée en 2013 »

A Deir Al-Assafir, une bourgade agricole de la Ghouta orientale, ancien bastion de la rébellion contre Bachar Al-Assad, puis tombeau de la révolution qui avait rêvé de le renverser en 2011, les familles de disparus se sont donné rendez-vous, le 31 mai, pour le lancement de la campagne des « Tentes de la vérité » : une initiative voulue comme un espace de témoignages, mais aussi comme un moyen de pression sur le nouveau pouvoir, jugé trop timoré sur la question des crimes commis par l’ancien régime.

A la tribune, les oratrices, toutes des femmes, se succèdent avec les mêmes exigences : la mise en place d’une justice transitionnelle et le lancement d’enquêtes sur les circonstances de la disparition de leurs proches. Au moins 130 000 personnes ont disparu dans le pays entre 2011 et 2024, selon les estimations d’ONG. « C’est vous, les femmes de la Ghouta, qui allez construire une justice dans ce pays », lance Wafa Mustafa, 35 ans, membre de l’ONG The Syria Campaign, dont le père à disparu à Damas le 3 juillet 2013. Réfugiée à Berlin, elle est rentrée en Syrie au début de l’année pour tenter de retrouver la trace de son père.

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