
Le déni des autorités tunisiennes face à l’attaque, dans la nuit de lundi 8 au mardi 9 septembre, d’un bateau de la flotille internationale propalestinienne mouillant au large de Sidi Bou Saïd, près de Tunis, est à la mesure de l’embarras diplomatique qui semble tétaniser le chef d’Etat, Kaïs Saïed. La garde nationale a aussitôt nié tout « acte hostile ou attaque extérieure », invoquant même un « mégot de cigarette » ayant « mis le feu à des gilets de sauvetage ». Les animateurs de la « Global Sumud Flotilla », qui prévoit d’aller « briser le blocus israélien » afin d’acheminer de l’aide humanitaire à Gaza, sont pour leur part formels : le bateau visé a été ciblé par « un drone », ainsi que l’attestent les témoins présents à bord et des images vidéo montrant la chute d’un engin explosif.
La réaction officielle renvoie à un « réflexe historique des régimes autoritaires » en Tunisie s’efforçant d’« expliquer à chaque incident sécuritaire que le pays est sous contrôle », relève Hamza Meddeb, chercheur au Carnegie Middle East Center, qui ajoute : « Le message, c’est : “Circulez, il n’y a rien à voir”. » Dans cette affaire précise, la passivité des autorités prend toutefois un relief très particulier au regard des postures souverainistes du président Kaïs Saïed, formé à l’école du nationalisme arabe.
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