C’est l’histoire d’un perroquet bleu, rouge orangé et vert, né quelques mois avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Conor, c’est son nom, est un ara arlequin à longue queue, de belle taille (50 centimètres environ), doté d’un bec crochu et puissant. L’intellect de ces oiseaux est estimé comparable à celui d’un enfant de 2 à 7 ans. Les aras sont aussi de beaux parleurs, et les arlequins sont censés être à la fois joueurs et doux.

En 2021, Conor vivait heureux à Dnipro, vaste capitale régionale du centre-est de l’Ukraine, posée au bord du Dniepr, et peuplée alors de 1 million d’habitants. Il avait été offert tout jeune, à l’âge de 6 mois, à une jeune femme de 25 ans, Ania, qui rêvait depuis toujours d’un perroquet : un cadeau d’anniversaire de son petit ami. Les amoureux s’envolent peu après passer les vacances d’hiver en Thaïlande. La jeune femme confie Conor à ses parents, Tatiana et Anton, « le temps du voyage ».

Le 24 février 2022, la guerre vient chambouler la vie de chaque personne, de chaque famille du pays. Dès le 11 mars, des missiles s’abattent sur Dnipro, détruisent la piste principale de l’aéroport, puis les terminaux pétroliers, des centres de recherche, des écoles, des immeubles résidentiels (46 morts dans un seul bâtiment après une frappe, en janvier 2023), le grand marché central… Les combats s’installent, nuit après nuit. Plus question, pour Ania, la maîtresse de Conor, de rentrer au pays. « En attendant », comme on dit désormais en Ukraine, le voici à demeure chez ses parents, Tatiana et Anton. Ils habitent un trois-pièces dans un petit immeuble brejnévien, au fond d’une rue qui portait avant-guerre le nom d’un poète russe local avant d’être rebaptisée rue Neil-Armstrong, comme l’astronaute américain.

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