Comment sortir du blocage politique français ? D’abord en acceptant l’idée que la démocratie a besoin d’alternances claires et assumées pour fonctionner correctement. Ce n’est pas en gardant toujours les mêmes au pouvoir que l’on va sortir de la crise démocratique actuelle. La bipolarisation gauche-droite, à condition qu’elle se renouvelle assez rapidement dans son contenu face aux transformations du monde, a ceci de vertueux qu’elle permet de telles alternances. C’est ce modèle qui a permis la consolidation de la démocratie au XXe siècle, et c’est dans cette direction qu’il faut aller aujourd’hui pour éviter son délitement.
De ce point de vue, le fait que les députés du Rassemblement national (RN) aient voté comme un seul homme, avec le reste de la droite, contre l’impôt minimal de 2 % sur les détenteurs de plus de 100 millions d’euros de patrimoine est un événement majeur, qui peut contribuer à la clarification politique. En volant au secours des ultrariches, alors qu’il s’était jusqu’ici abstenu, le RN s’est clairement affirmé comme le parti des milliardaires, comme un parti de droite, sur tous les plans, à la fois nationaliste, antimigrants, extractiviste et hypercapitaliste, de la même façon que les républicains de Donald Trump.
Ce choix peut surprendre, si l’on pense au verni populaire et social que le parti lepéniste a longtemps voulu se donner. Il est en réalité parfaitement logique. D’abord parce que les alliés que le RN peut espérer rassembler pour atteindre une majorité parlementaire sont clairement sur une ligne de droite classique, anti-impôt et anti-dépense publique. C’est le cas pour l’Union des droites pour la République d’Eric Ciotti, qui a officiellement rallié le RN en 2024, tout autant que pour le reste des républicains.
Il vous reste 71.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
