Une proposition de loi contre la chasse à la marmotte a été déposée, lundi, à l’Assemblée nationale.
Le texte, signé par plus de 80 députés, dénonce une pratique autorisée « sans aucune raison légitime ».
En France, le sort du petit rongeur inquiète.

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C’est une première et une petite victoire pour les associations de défense de la marmotte. À l’initiative du député savoyard Jean-François Coulomme, 81 parlementaires ont signé une proposition de loi (nouvelle fenêtre), déposée à l’Assemblée nationale lundi 2 décembre, contre la chasse à ce petit rongeur des montagnes. Un texte dans lequel les députés évoquent les bénéfices éthiques, économiques et écologiques qu’apporterait l’interdiction de cette pratique traditionnelle, en vigueur depuis 1987.

Ils évoquent une chasse qui ne peut être justifiée par un « besoin de régulation » mais née « comme pratique culinaire » qui « perdure simplement par tradition ». Les parlementaires appellent le gouvernement à agir pour « avoir encore l’opportunité de croiser des marmottes vivantes dans nos montagnes françaises »

Cette proposition de loi intervient après plusieurs initiatives pour tenter de mettre fin à la chasse à la marmotte. En octobre 2022, 125 élus de tous bords avaient ainsi signé une lettre ouverte au Gouvernement pour demander son interdiction, sans succès. 

« La chasse à la marmotte suscite une grande indignation de la part des citoyens, y compris des montagnards. Nous nous félicitons qu’un député savoyard soit à l’initiative de cette proposition de loi qui vise à abolir cette pratique d’un autre âge . Il est urgent de protéger les marmottes, animaux emblématiques de nos montagnes : il serait dramatique de les voir disparaître des Alpes françaises ! », a salué dans un communiqué Pauline di Nicolantonio, présidente de l’Association Justice Animaux Savoie (AJAS), qui porte le dossier au niveau national. 

Pas de comptage officiel

Si le dossier est brûlant dans les territoires de montagne et principalement en Savoie, où la pratique est la plus répandue, c’est que deux camps s’affrontent. D’un côté, les défenseurs de la chasse à la marmotte évoquent une tradition encadrée – des quotas sont mis en place chaque année par les territoires – et une nécessité pour limiter le nombre de rongeurs face aux dégâts qu’il peut engendrer via ses terriers. De l’autre, les défenseurs de la marmotte dénoncent des pratiques « d’un autre temps » et mettent en avant les risques qui pèsent sur la marmotte dans le contexte du changement climatique (nouvelle fenêtre) dû aux activités humaines. 

Une donnée difficile à mesurer, car en France, aucun comptage officiel des populations de marmottes n’est effectué alors même que l’animal est protégé par l’annexe III de la Convention de Berne (nouvelle fenêtre). Un texte qui n’interdit pas la chasse, mais stipule que « toute exploitation de la faune sauvage spécifiée à l’annexe III – « Espèces de faune protégée » – doit être réglementée afin de maintenir les populations hors de danger ».  Difficile à affirmer quand le nombre de petits rongeurs dans les montagnes françaises est inconnu.

La chasse à la marmotte est d’ailleurs déjà interdite dans plusieurs territoires : le Cantal, les Pyrénées-Orientales, la Drôme, la Haute-Garonne, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme. L’Italie, elle, a banni la pratique dès 1992 et la chasse est interdite en Allemagne. Des mesures prises après plusieurs alertes sur le sort du mammifère, menacé par certaines pratiques agricoles et pastorales, le tourisme en montagne , les attaques de chien, l’artificialisation des sols, la destruction des habitats et donc, le changement climatique. 

Alerte sur les naissances

En 2023, le Conseil scientifique du Parc de la Vanoise, a tiré la sonnette d’alarme (nouvelle fenêtre), pointant, dans son avis que depuis les années 1990, les portées de marmottes étudiées étaient moins nombreuses et les chances de survie des nouveau-nés en baisse. « Cela s’explique, en partie, par une couverture neigeuse moins épaisse. L’isolation du terrier est moins efficace. Ces résultats sont imputables aux changements climatiques, la montagne s’est réchauffée deux fois plus vite que le reste du globe ces dernières années, avec des températures annuelles moyennes d’environ deux degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels », rappelait ainsi le Conseil scientifique.

Pour tenter d’appuyer les chances d’une interdiction de la chasse à la marmotte, 16 associations de protection animale et environnementale ont également signé un courrier collectif à l’attention du Premier ministre et de la ministre de la Transition écologique pour demander l’interdiction de la chasse à la marmotte. Elles y rappellent le « rôle écologique important » de l’animal qui permet de préserver la biodiversité locale ou encore d’aérer et d’améliorer la fertilité des sols. 

Reste à savoir si ces efforts porteront leurs fruits, dans un contexte politique difficile où le sort des marmottes pourrait être relégué au second plan. Pourtant, selon les sondages, 69% des Français souhaitent une interdiction de la chasse au petit mammifère tandis que plus de 95.000 personnes ont déjà signé une pétition dans ce sens.


Annick BERGER

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