L’ancien président du conseil italien Enrico Letta, à Bruxelles, le 18 avril 2024.

Un nom qui transcende les frontières nationales pour tourner la page des tempêtes à Sciences Po ? Selon les informations du Monde, l’ancien premier ministre italien Enrico Letta, 57 ans, a fait connaître son intérêt, ces dernières semaines, pour diriger la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume, à Paris. « Il s’est manifesté, comme d’autres noms de haute qualité », confirme-t-on à Sciences Po, alors que le processus officiel de candidature doit s’ouvrir dans quinze jours.

Un profil étranger qui, toutefois, serait inédit à la tête de l’école libre née en 1871 pour renouveler l’élite française. Et dont la direction revient, depuis les années 1990, à des énarques rompus aux arcanes de l’Etat. « Rien dans les statuts ne s’y oppose », relève-t-on au sein de l’institution qui forme des bataillons de hauts fonctionnaires, mais riche de 50 % d’étudiants internationaux, venus pour l’essentiel des Etats-Unis, d’Allemagne ou d’Italie.

Le Toscan, qui rêvait tout haut d’une « union politique européenne » a, de fait, passé une partie de son enfance à Strasbourg, où son père enseignait les mathématiques. Ancien député italien, deux fois ministre – aux affaires européennes, puis à l’industrie et au commerce extérieur –, député au Parlement européen, il a présidé le conseil des ministres italien il y a dix ans avant d’être poussé dehors par son meilleur ennemi, Matteo Renzi.

« Un choix de cœur »

A la tête de l’institut Jacques Delors, basé à Paris, Enrico Letta s’apprête à partir en tournée en Europe et aux Etats-Unis pour promouvoir son rapport « Much More Than a Market » (bien plus qu’un marché), destiné à moderniser le marché unique européen. Un rapport qu’il vient de présenter aux chefs d’Etats et de gouvernements à Bruxelles, ce jeudi 18 avril, ainsi qu’à de nombreux médias du continent. Pour « changer d’échelle » en urgence face aux Etats-Unis ou à la Chine, il plaide pour que l’Europe des Vingt-sept finance sa transition écologique avec « des fonds privés et publics » et se crée une cinquième liberté pour « la recherche, l’innovation et l’éducation ».

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Enrico Letta connaît bien la rue Saint-Guillaume pour y avoir présidé, durant six années loin de Rome (2014-2021), l’Ecole des affaires internationales de Sciences Po (dite « PSIA », Paris School of International Affairs). Le doyen aux allures discrètes de technocrate ambitionnait d’y attirer « les plus grands leaders du monde » et, dans les amphithéâtres, professait l’esprit de « créativité », à l’instar d’un Mario Draghi inondant l’Europe de billets pour sauver la zone euro. « Sciences Po a été l’un des choix les plus intelligents de ma vie », et même « un choix de cœur », disait Letta en la quittant, pour retrouver la tête du Parti démocrate, en mars 2021.

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