Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, le 12 mars 2024.

Il est un peu plus de 17 h 30, ce lundi 8 avril, quand Bruno Le Maire franchit les portes de l’Elysée. Le ministre de l’économie vient de bouleverser son agenda pour un tête-à-tête de dernière minute avec Emmanuel Macron. La tension entre les deux hommes est à son acmé alors que Bercy doit transmettre cette semaine, « pour avis », le programme de stabilité de la France au Haut Conseil des finances publiques. Voilà des jours que le président de la République bout intérieurement contre les saillies du locataire de Bercy qui, à ses yeux, affole les Français sur l’état calamiteux des finances publiques.

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Le déficit, annoncé fin mars à 5,5 % du PIB, bien loin des 4,9 % prévus, n’est, aux dires du chef de l’Etat, qu’une péripétie conjoncturelle. Inutile de prévoir un projet de loi de finances rectificative (PLFR), comme le martèle Bruno Le Maire auprès de députés du camp présidentiel. « Bruno est dans son rôle, défend Charles Sitzenstuhl, élu Renaissance du Bas-Rhin, ancien conseiller de Bruno Le Maire. On ne va pas avoir un ministre des finances qui dit : “Allez-y, creusez la dette de la France !” »

Ce texte budgétaire nécessiterait d’activer l’article 49.3 de la Constitution pour se passer du vote du Parlement. L’occasion rêvée, pour le parti Les Républicains (LR), de dégainer la motion de censure dont ils ne cessent d’agiter la menace, criant à l’insincérité des comptes publics. La manœuvre, si elle aboutissait, pourrait provoquer la chute du gouvernement et aggraver la crise politique actuelle. « Bruno Le Maire nous provoque », commente Eric Ciotti, patron de LR.

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« On tient le cap »

Emmanuel Macron, que l’on dit exaspéré par le numéro deux du gouvernement, s’est invité ce lundi à la réunion de coordination de la majorité qui avait lieu quelques heures plus tôt, pour mettre fin au « brouhaha ». « J’entends parler de PLFR. Je n’en vois pas l’intérêt. Le gouvernement doit faire les choses avec sérieux pour tenir nos objectifs. Nous n’avons pas un problème de dépenses excessives, mais un problème de moindres recettes », tonne le président de la République sous l’œil du secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, selon des propos rapportés par Le Figaro et confirmés par l’Elysée. « Dans les prochains jours, chacun sera responsabilisé sur ses propres dépenses », enchaîne-t-il, ajoutant : « Il ne faut pas que ça soit la foire à la saucisse. Il faut le calme des vieilles troupes. » Une allusion aux idées lancées ici et là par Bercy, avant que tout arbitrage soit rendu, pour combler le trou budgétaire.

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