Dans l’arrière-salle du club, près du fumoir et de sa lumière rouge envoûtante, Allison s’est arrêtée un instant dans son élan. Une jambe posée sur le bar, la jeune femme de 21 ans étire ses muscles, déjà endoloris après une heure de danse débridée. « J’ai voulu tenter un grand écart, prise dans le feu de l’action », rigole cette étudiante en comptabilité. Impossible de réfréner son ardeur joyeuse sur le dancefloor où, ce soir de mai, elle se sent libre comme jamais de se laisser aller, sans craindre des regards lourds ou des gestes déplacés.
Libre aussi d’arborer la tenue de son choix, chemise nouée au-dessus du nombril et courte jupe à carreaux. « En temps normal, je n’oserais pas venir en soirée avec le ventre si découvert », précise la jeune femme à la longue coupe afro. Mais ce jeudi-là, dans une boîte du centre de Toulouse, elle aborde la fête d’une manière inédite : la soirée est réservée aux femmes, invitées à remiser au vestiaire l’autocensure à laquelle elles sont souvent contraintes.
« Girls only ! », est-on prévenue au moment de réserver son billet pour une « Bringue », ces soirées en non-mixité qui essaiment partout en France et en Belgique. A l’origine du concept, l’envie inopinée d’une vingtenaire parisienne qui n’avait aucune copine disponible pour l’accompagner danser. Clarisse Luiz poste alors un tweet pour proposer à des inconnues de la rejoindre : elles sont finalement dix à s’amuser entre filles. Cette community manager (animatrice et gestionnaire des réseaux sociaux) de profession veut répliquer l’expérience et La Bringue naît en 2019. Elle est désormais présente dans une dizaine de villes, féminine des fêtardes jusqu’aux DJ – seul le staff des lieux qui accueille est parfois masculin. Dans un contexte post-#MeToo, le pari de la fête sans hommes a rencontré son public. Si bien que d’autres entreprises se positionnent sur ce marché, à la manière des « soirées maman » qui émergent à l’attention des mères.
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