En cet après-midi de septembre, un va-et-vient incessant de camions trouble le calme hameau de Grudki, dans l’est de la Pologne. A l’extérieur d’un entrepôt de bois, une pelleteuse s’active autour d’une montagne de sable ocre tandis que des poids lourds sont remplis d’un chargement de graviers. Direction la frontière biélorusse, à deux kilomètres de là. Le chantier à l’origine de toute cette activité se trouve au beau milieu de la forêt de Bialowieza. Bialowieza, qui signifie la « tour blanche » en polonais, est l’une des plus vieilles forêts intactes du continent et la dernière qui soit considérée comme primaire dans les plaines européennes. Ce trésor naturel, haut lieu des naturalistes et biologistes, se trouve à cheval sur une frontière bouleversée, aujourd’hui, par les tensions géopolitiques.

Une empreinte de sabot de cerf entre des traces de véhicule militaire lourd, sur un chemin de la forêt de Bialowieza, en Pologne, le 18 septembre 2025.

« Je me demande bien d’où peut provenir ce sable », s’interroge la chercheuse américano-polonaise Katarzyna Nowak, employée à l’Institut de recherche sur les mammifères de Bialowieza, en arpentant une route forestière. « Une chose est sûre, dit-elle, en pointant une tige élancée, cette plante-là, la Corispermum, provient de précédents apports, car elle n’est pas présente ici naturellement. » Autour, le massif commence à prendre des teintes automnales.

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