Installé depuis de longs mois en défense centrale, Aymeric Laporte est l’un des tauliers de l’Espagne dans cet Euro 2024.
Dans le dernier carré, l’ancien joueur de Manchester City croisera son pays de naissance, la France (mardi, à partir de 21h).
L’occasion de revenir sur son parcours atypique, lui qui a vu le jour à Agen avant de goûter au haut niveau international avec la « Roja ».

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Euro 2024

Du Lot-et-Garonne aux demi-finales continentales. Avec sa victoire au forceps contre l’Allemagne (2-1 a.p), l’Espagne a validé sa qualification pour le dernier carré de l’Euro 2024. Avec la co-meilleure attaque (11 buts marqués) et la deuxième meilleure défense (2 buts encaissés), elle impressionne depuis le début du tournoi. 

Et au cœur de ce dispositif parfaitement huilé figure Aymeric Laporte, le roc défensif « made in France ». Agenais de naissance, le défenseur central a fait toutes ses classes dans l’Hexagone, du côté du Su Agen puis de l’Aviron Bayonnais. Il a ensuite traversé les Pyrénées pour signer à l’Athletic Bilbao, club où il a passé une majorité de sa carrière (2010 à 2018), avant de signer à Manchester City puis, récemment, à Al-Nassr. Mais malgré ses racines françaises, et plus de 51 apparitions en Bleus chez les jeunes, c’est bien de la Roja qu’il est devenu le taulier défensif (33 sélections). 

Les portes de l’équipe de France ne se sont jamais ouvertes

Profitant de son expérience dans le Pays-Basque espagnol, Aymeric Laporte a cédé aux sirènes des champions du monde 2010 après avoir été snobé pendant de longues années par les « grands » de l’équipe de France. Appelé à deux reprises par Didier Deschamps, il n’a, en effet, pas disputé la moindre minute avec le maillot frappé du coq (en A, les équipes de jeunes ne comptant pas dans ce total). 

Frustré par son manque de temps de jeu, il a fini par fermer la porte aux tricolores. Non sans faire grand bruit. « Bien sûr, je ne pense pas que ce soit à cause d’un problème sportif. Je pourrais être champion du monde, mais ce sont les décisions du sélectionneur, qui ne m’appelle pas pour des raisons personnelles, je pense, et je dois le respecter », a-t-il notamment lâché en 2021, amer, avant d’accepter la main tendue de l’Espagne. Une volte-face que n’a, à l’époque, que très peu gouté « DD ». 

Je me sens beaucoup plus identifié aux Espagnols

Aymeric Laporte

De l’eau a coulé sous les ponts depuis ce choix qui a fait couler beaucoup d’encre. Et malgré son départ en Arabie Saoudite l’été dernier, le joueur de 30 ans s’est imposé dans l’axe de la défense hispanique. « À l’époque, j’ai pris la décision de jouer pour l’équipe nationale espagnole. J’ai été convaincu, tant par l’entraîneur que par la philosophie du pays, avec laquelle je me sens en phase. Je me sens beaucoup plus identifié aux Espagnols, et les Espagnols me rendent l’affection que je ressentais pour eux à l’époque, et que je ressens encore aujourd’hui », a indiqué le principal intéressé dans un entretien accordé au quotidien Sport en 2022. Depuis ses débuts contre le Portugal un soir de juin 2021, il n’hésite pas à rappeler sa « fierté » de porter ce maillot rouge.

Un manque de talent en défense centrale côté espagnol

Longtemps à la recherche de successeurs aux légendes Carles Puyol et Sergio Ramos derrière, l’Espagne a aussi grandement gagné de cette naturalisation sportive. Confronté à un trou générationnel à ce poste de défenseur central, Aymeric Laporte et son compère Robin Le Normand ont permis de stabiliser un édifice longtemps très fragile.  « Nous avons beaucoup régressé à ce poste. On pensait avoir de bons joueurs mais ils n’ont pas confirmé. La France ne voulait pas (Laporte) pour différentes raisons, et nous avons sauté sur l’occasion », a souligné Alfredo Relaño, président d’honneur du quotidien AS, dans les colonnes du Parisien

Du haut de ses 30 printemps, l’élégant gaucher ne sera pas éternel. Mais derrière lui, certains talents frappent enfin à la porte, à l’instar du jeune Pau Cubarsi (17 ans). S’il a été laissé de côté par le sélectionneur Luis De La Fuente pour cet Euro, le Barcelonais, déjà côté à plus de 30 millions d’euros par le site Transfermarkt, a tout l’avenir devant lui. Mais en attendant, Laporte compte bien offrir un quatrième titre continental à son Espagne d’adoption et, du même coup, jouer un bien mauvais tour à son pays d’origine. 


Maxence GEVIN

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