• Le narcissisme peut devenir une culture au sein de groupes influencés par un leader charismatique.
  • Le « narcissisme acquis » pousse les membres à adopter les traits et comportements du leader, souvent au détriment de leurs propres valeurs.
  • Revenir à soi est essentiel pour préserver son identité.

Le narcissisme se traduit par une admiration exagérée de sa personne. Terme issu de l’Antiquité et du mythe de Narcisse (qui a fini par mourir de cette passion pour lui-même), il est utilisé pour décrire les personnes qui se surestiment et fantasment sur leur propre grandeur. Ce qu’on sait moins, c’est que le narcissisme peut s’ériger en culture dans certains cercles. C’est en tout cas la théorie du professeur de relations humaines à l’Université d’Oklahoma, Sterlin L. Mosley. Dans Psychology Today (nouvelle fenêtre), il parle ainsi de « narcissisme acquis ». Selon lui, lorsqu’un groupe se rassemble autour d’une figure narcissique et charismatique, sa personnalité devient un modèle d’appartenance. « Avec le temps, les adeptes commencent à refléter la position du leader en matière de statut, de responsabilité et d’empathie (ou son absence), même lorsque ces positions entrent en conflit avec leurs valeurs et leurs traits naturels antérieurs« , indique le spécialiste. Et ce, que ce soit au sein d’une entreprise, d’une structure politique ou même au sein du cercle familial. Cela ne signifie pas que tout le monde devient narcissique à son tour, mais il s’agit plutôt d’un « processus social par lequel une culture adopte les stratégies de défense d’une personnalité dominante, fondées sur la notion de pensée« .

Copier le leader pour gagner

Ainsi, si le « leader » narcissique a le sentiment d’être grandiose, méprise la dissidence ou a le sentiment que quelque chose lui est dû, cette pensée va se diffuser dans les normes du groupe, même si elle ne fait pas partie des valeurs autonomes de ses membres. « Les êtres humains recherchent naturellement la sécurité, l’importance et la cohérence, et le charisme organise ces besoins en fusionnant la vision du leader avec l’image de soi de ses adeptes, ce qui fait que l’imitation s’apparente davantage à une conviction qu’à une obéissance« , souligne le psychologue Sterlin L. Mosley. Des études ont par ailleurs démontré que les traits narcissiques favorisent l’ascension sociale et la manière de s’autopromouvoir donne un sentiment de confiance. Les membres du groupe identifient les émotions qui suscitent l’approbation, ils vont avoir tendance à imiter ce comportement. « Copier le leader ne signifie pas se perdre ; au contraire, cela garantit sécurité et sûreté« , note le professeur.

Revenir à soi

Néanmoins, ce mimétisme est néfaste, car il peut contribuer à créer un attachement malsain, parce que d’une part le leader et le groupe vont avoir à décourager toute réflexion extérieure. D’ailleurs, le doute est ressenti comme déloyal, les membres du groupe répètent les phrases et imitent le ton du leader et « les éloges fusent vers le haut, tandis que les commentaires honnêtes sont rares ou risqués« , ajoute le spécialiste. Le narcissisme acquis tend donc à éteindre les valeurs et la personnalité de chacun. D’où l’importance de revenir à soi. « Remarquez où vous imitez la morale d’un leader plutôt que la vôtre, et si son amplitude morale est plus bienveillante ou plus insensible que la vôtre. Remarquez où vous avez remplacé l’empathie par le mépris, car le mépris ou la dérision d’autrui est l’appartenance », conseille Sterlin L. Mosley.

Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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