• Le changement climatique accélère la fonte des glaciers alpins, entraînant la formation de lacs qui menacent les communes en aval.
  • Pour éviter une catastrophe, scientifiques et experts de l’Office national des forêts (ONF) évaluent les risques.

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Le 20H

La fonte des glaciers s’accélère de manière inquiétante à cause du changement climatique (nouvelle fenêtre). À Tignes (Savoie), la formation d’un lac sur le glacier de la Grande Motte a contraint les autorités à creuser un chenal dans la roche pour permettre l’écoulement de l’eau. « Ces quarante dernières années, la fonte était plus lente, environ 1 mètre par an. Et là, ça s’accélère ces dernières années », constate Jordan Ré, chargé de projet développement durable à Tignes. La vidange brutale d’un lac glaciaire (un phénomène nommé Glof, selon l’acronyme anglais Glacial lake outburst floods) peut libérer des flots qui emportent tout sur leur passage, de quoi menacer la station savoyarde qui se trouve 800 mètres plus bas. 

Les glaciers alpins ont perdu entre un tiers et 40% de leur masse depuis 2000. La France, la Suisse et l’Italie ont, depuis plusieurs années, mis en place des services chargés d’inventorier et évaluer les risques sur des centaines de glaciers. En France, où ce travail est conduit par l’agence de restauration des terrains de montagne (RTM) de l’Office national des forêts (ONF), les territoires les plus concernés sont les massifs du Mont-Blanc, de la Vanoise et des Écrins. Une petite dizaine de glaciers français sont sous surveillance rapprochée ou ont fait l’objet d’interventions humaines pour assurer la sécurité des habitants en aval. C’est notamment le cas à Pralognan-la-Vanoise (Savoie), où les services de l’État anticipent le scénario catastrophe. 

« Le lac se vidangera naturellement au plus tard dans 2 ou 3 ans. Ce qu’on redoute, c’est qu’il puisse se vidanger avant », explique David Binet, directeur de l’agence de restauration des terrains de montagne. Cela déclencherait une crue torrentielle et pourrait menacer le camping municipal. D’ailleurs, il a été fermé cet été par précaution. « Un maire n’est pas là pour compter les blessés ou des victimes. La priorité ultime, c’est la sécurité des personnes et des biens », souligne au micro de TF1 Martine Blanc, la maire (SE) de Pralognan-la-Vanoise. Après huit semaines de travaux, le niveau du lac a baissé de 10 mètres et le risque d’une vidange est aujourd’hui écarté. 

Un système d’alarme mis en place à Saint-Gervais

Les dangers peuvent être multiples, d’autant que chaque glacier est différent. A l’aide de cartes, de radars et d’images satellites, ces experts de cette agence publique sont en charge de ce que l’on appelle la levée de doute. « À partir de ces données, ça nous permet d’identifier les endroits où il peut y avoir une source d’un phénomène, une avalanche de glace, une vidange de lac. Et est-ce que ça peut atteindre un village, une école, un camping ? Voilà, plutôt des enjeux qui sont liés à l’urbanisme », explique Thomas Geay, responsable du pôle expertise Savoie à l’agence de restauration des terrains en montagne des Alpes du nord.

En 1892, à Saint-Gervais-les-Bains (Haute-Savoie), 175 personnes sont mortes suite à la rupture d’une immense poche d’eau. Le glacier de Tête Rousse (Mont-Blanc), qui surplombe la commune, figure parmi les plus surveillés. Une nouvelle cavité a été découverte et vidangée en 2010, 2011 et 2012 et de nouveaux travaux menés en 2016. Mais ces aménagements n’ont pas permis de trouver une solution définitive au problème. Toutefois, selon Olivier Gagliardini, glaciologue à l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE) à Grenoble, il n’y a pas de danger immédiat. Mais pour combien de temps ? Le glacier fond inexorablement, et il abrite environ 60.000 mètres cubes d’eau, soit l’équivalent de 24 piscines olympiques. 

Aujourd’hui, un système d’alarme a été mis en place à Saint-Gervais-les-Bains. Des câbles ont été placés autour du glacier. S’ils cédaient, des sirènes retentiraient afin d’alerter la population qui disposerait de 15 à 30 minutes pour évacuer. Un scénario qui inquiète les habitants. « Est-ce qu’on aura le temps ? Est-ce qu’on sera assez efficaces pour s’en aller ? On ne sait pas quoi », s’interroge un riverain dans la vidéo qui accompagne cet article. Le changement climatique est presque deux fois plus important dans les Alpes qu’au niveau mondial. On estime ainsi que les glaciers alpins ont perdu entre un tiers et 40% de leur masse depuis 2000. 

La rédaction de TF1info | Reportage : Yannis MATISSE et Frédéric MARCHAND

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