L’île de Kihnu, image extraite du reportage « Estonie, championne du numérique », d’Hélène Hug et Jean-Marie Lequertier.

FRANCE 2 – JEUDI 25 AVRIL À 00 H 10 – REPORTAGE

Lunaire, l’échange entre l’ancien ministre de l’éducation Luc Ferry et l’ex-eurodéputé Daniel Cohn-Bendit sur le plateau de LCI, le 3 mars – l’un confondant les Etats baltes avec les pays des Balkans, l’autre ne démordant pas qu’ils seraient quatre –, aura eu le mérite de démontrer une chose : à moins de deux mois des élections européennes, une visite en Estonie, membre de l’Union européenne et de l’OTAN depuis 2004, en première ligne face à la Russie, ne saurait être superflue.

Le magazine « Nous, les Européens » a fait escale dans le petit pays de 1,3 million d’habitants, situé sur les bords de la Baltique. Une terre de contrastes, entre tradition et modernité. Point de départ, l’île de Kihnu : un confetti d’environ 16 kilomètres carrés, à une heure en ferry des côtes estoniennes, inatteignable quand la glace saisit la mer.

Particularité : ici, ce sont les femmes qui décident. Une coutume subsistant du temps où les hommes partaient pêcher en mer. Un héritage culturel classé au Patrimoine de l’Unesco en 2008. A l’école, les enfants apprennent le dialecte kihnu. Les filles s’entraînent au tricot, les garçons, à la confection des filets de pêche. Mais bientôt ils rejoindront le continent, laissant derrière eux une population vieillissante, qui s’interroge sur son avenir.

Les mérites de l’« e-nation »

Sur le continent, Tallinn, la capitale, offre un autre visage : ville de la tech, superconnectée, à l’image d’un pays souvent présenté comme le champion européen du numérique. L’Estonie n’est pas seulement le premier pays au monde à avoir testé, dès 2005, le vote électronique, lors d’élections générales. La santé y est largement numérisée. Chaque habitant dispose d’un compte, pour prendre rendez-vous ou consulter ses ordonnances.

Lire le reportage (2017) | Article réservé à nos abonnés L’Estonie, perle balte du tout-numérique

On y rencontre Martin Villig, cofondateur de la société Bolt, spécialisée dans la mobilité partagée, qui permet déjà de commander un taxi sur son smartphone, et qui vient de développer une application permettant de louer une voiture à la minute, comme une trottinette. Une solution plus durable, dit-il, car « une voiture partagée est utilisée par huit à dix personnes différentes chaque jour », tandis qu’une voiture individuelle « reste garée 90 % du temps ».

L’économiste et ancienne présidente de la République Kersti Kaljulaid, en poste de 2016 à 2021, vante les mérites de l’« e-nation », qui a réduit la bureaucratie pour ses habitants. Et elle se veut rassurante : si, depuis 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le nombre de cyberattaques lancées contre les administrations et les entreprises estoniennes a explosé, le pays a su y faire face, grâce à ses compétences en matière de cybersécurité.

Lire l’enquête (2023) | Article réservé à nos abonnés Le nouvel espionnage russe : en Estonie, le pont de tous les trafics militaires

Ces tentatives de déstabilisation n’étonnent plus. Indépendant depuis 1991, l’Etat balte n’a jamais cessé de considérer son voisin russe comme une menace, rappelle le général de division Veiko-Vello Palm. Dans le dernier volet de l’émission, de jeunes conscrits racontent leur quotidien. Ils se préparent à passer trois jours en forêt, en plein hiver. Chaque année, 4 000 Estoniens font leur service militaire. En cas de guerre, ce sont eux qui seront appelés à se battre.

Lire le reportage (2024) | Article réservé à nos abonnés L’Estonie, petit pays sur le pied de guerre face à la Russie

Estonie, championne du numérique, reportage d’Hélène Hug et Jean-Marie Lequertier, réalisé par Vincent Manniez (Fr., 2024, 26 min).

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