- Un déficit en lithium dans le cerveau pourrait être le déclencheur du déclin cognitif caractéristique d’Alzheimer, selon une étude publiée dans Nature.
- Selon ses auteurs, un traitement à base de ce métal semble avoir un effet réversible sur la maladie.
Une carence cérébrale en lithium à l’origine du déclenchement de la maladie d’Alzheimer (nouvelle fenêtre)? C’est la piste mise au jour par une équipe de chercheurs de la Harvard Medical School. Les résultats de leurs recherches, publiés ce mercredi dans Nature (nouvelle fenêtre), ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques pour cette maladie neurodégénérative qui touche plus d’un million de personnes en France. Forme la plus courante de démence, cette dernière s’aggrave avec le temps, privant progressivement les patients atteints de leurs souvenirs et de leur indépendance.
Plus en détails, les chercheurs ont démontré que ce déclin cognitif semblent lié à une baisse du lithium dans le cerveau et qu’un traitement à base de ce métal, déjà utilisé notamment comme traitement des troubles bipolaires et des troubles dépressifs majeurs, semble avoir un effet réversible sur la maladie.
« Une souris n’est pas un humain »
À l’origine de cette étude : de précédents travaux ayant révélé des concentrations en métaux anomaux chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces derniers ont encouragé l’équipe de scientifiques d’Harvard à comparer les concentrations de 27 métaux dans les cerveaux de personnes âgées sans trouble cognitif à celle de personnes présentant des troubles. Verdict : le lithium est naturellement présent dans le cerveau et le protège de la neurodégénérescence. « C’est la première fois qu’on prouve que le lithium existe naturellement à un niveau biologiquement utile, sans être administré sous forme de médicament »,
commente Bruce Yankner, professeur de génétique et de neurologie, dans un communiqué de l’université de Harvard.
Pour confronter leurs observations, les chercheurs ont ensuite soumis des souris en bonne santé et des souris modèles de la maladie d’Alzheimer à un régime pauvre en lithium. Or, parmi les différents sels de lithium testés pour inverser les dommages liés à la maladie d’Alzheimer, l’orotate de lithium a montré des effets prometteurs, y compris chez les souris âgées à un stade avancé de la maladie. À noter qu’aucun signe de toxicité n’a été détecté chez les souris traitées.
Ces résultats encourageants doivent néanmoins encore être confirmés chez l’homme via des essais cliniques rigoureux, insistent les auteurs. « Une souris n’est pas un humain. Personne ne devrait prendre quoi que ce soit basé uniquement sur des études chez la souris »,
rappelle le Dr Yankner.