Des panneaux solaires détruits par le passage d’une tempête auraient libéré des matières toxiques aux États-Unis.
La vidéo, qui remonte à mars, resurgit à la faveur de l’actualité sur l’ouragan Hélène.
Les images sont authentiques, mais aucune contamination n’a été trouvée.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

Pire que toute autre énergie, celle produite grâce au soleil serait extrêmement toxique. Une vidéo devenue virale ce samedi 28 septembre montre un parc photovoltaïque dévasté par une tempête, transformé en un tas de débris. Au-delà de l’impact économique, l’internaute qui diffuse les images affirme en anglais que cet incident a « libéré des matières toxiques » dans le sol, « comme du plomb et du cadmium ». « Il faut s’attendre à ce que ce genre de choses se reproduisent », prévient l’auteur de la publication vue 2,5 millions de fois (nouvelle fenêtre).

Cet internaute affirme à tort que cette ferme solaire au Texas a provoqué une catastrophe environnementale, le 28 septembre 2024 – Capture d’écran

Une rumeur récupérée par la suite en France. Elle a notamment été publiée par un auteur présenté comme un expert en politique énergétique. Épinglé par le passé pour avoir diffusé de fausses informations (nouvelle fenêtre)sur la crise énergétique, il assure que « les énergies dites renouvelables sont toxiques ». Mais que sait-on réellement de cette vidéo ?  

Une séquence vieille de six mois

Tout d’abord, il est important de noter que cette séquence n’est pas récente. Si elle est devenue virale ce week-end à la faveur de l’actualité autour de l’ouragan Hélène (nouvelle fenêtre), qui a semé la dévastation dans une partie de l’est et du sud-est des États-Unis et a fait une centaine de victimes, elle remonte en réalité à mars dernier. Une recherche d’image inversée nous prouve qu’elle circule en ligne depuis le 25 mars (nouvelle fenêtre). À cette date, la presse américaine faisait état de « milliers de panneaux solaires » détruits par une « puissante tempête de grêle » qui s’était abattue sur le Texas, dans le sud des États-Unis. « Des grêlons de la taille d’une balle de baseball » avaient alors été observés, selon des témoins cités par la presse locale. (nouvelle fenêtre) Dans les colonnes du Houston Chronicle, certains habitants s’inquiétaient également que les produits contenus dans les panneaux photovoltaïques puissent infiltrer les sols.

De fait, si les panneaux photovoltaïques sont presque entièrement produits à partir de matériaux respectueux de l’environnement comme le verre ou l’aluminium, certains modèles contiennent des substances toxiques, dont du plomb. Présent en quantité minime, environ 14 grammes, il peut être utilisé pour souder les composants électroniques, comme le détaille l’institut Frauhofer. Dans une note à ce sujet (nouvelle fenêtre), cette institution spécialisée dans la recherche scientifique dans le domaine de l’énergie solaire souligne que sur le long-terme, des résidus de plomb peuvent « s’échapper si le verre de protection est brisé, si le joint d’étanchéité est endommagé ou si le modèle est fragmenté ». C’est pourquoi les spécialistes recommandent que les panneaux endommagés « ne soient pas exposés aux intempéries pendant de longues périodes »

D’autres modèles contiennent quant à eux du cadmium. Présent naturellement dans les sols, ce métal est reconnu par les autorités sanitaires (nouvelle fenêtre)comme cancérogène, mutagène et toxique à des hauts degrés d’exposition. Cette substance est d’ailleurs fortement contrôlée en Europe comme aux États-Unis (nouvelle fenêtre). Dans les panneaux solaires, elle est donc encapsulée entre deux feuilles de verre hermétiquement scellées. Elle peut toutefois avoir un effet toxique « sous forme d’oxyde, par exemple, après un incendie, en fonction de la quantité absorbée », comme l’expliquent les spécialistes de l’institut Frauhofer. Raison pour laquelle une étude publiée en juin 2023 (nouvelle fenêtre)a estimé que les dégâts sur ces panneaux créés par des « conditions météorologiques extrêmes ne constituent probablement pas des voies importantes de propagation du cadmium dans l’environnement ». En revanche, cette équipe de chercheurs de l’université de l’Utah relève les risques que font peser « l’élimination dans des décharges ou l’incinération »

Autant d’éléments qui ont poussé les deux entreprises en charge du projet à estimer dans un communiqué qu‘ »aucun risque pour la population » n’avait été identifié. Six mois après cette destruction, aucune contamination des sols n’a été enregistrée.

REPORTAGE- Éoliennes et parcs solaires au Texas : les énergies vertes s’installent au pays de l’or noirSource : JT 20h WE

En résumé, non seulement la vidéo n’a aucun lien avec l’ouragan Hélène, mais elle ne prouve pas non plus que les panneaux photovoltaïques représentent un danger. Reste que la vulnérabilité de cette industrie aux phénomènes météorologiques interroge. Selon un récent rapport, le secteur perdrait 2,5 milliards de dollars par an en raison de la sous-performance des équipements face aux conditions météorologiques.

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Felicia SIDERIS

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