Joe Biden à l’université Hillsborough Community à Tampa, en Floride (États-Unis), le 23 avril 2024.

Axe majeur de la campagne présidentielle de Joe Biden, le thème de l’avortement a de nouveau été au cœur du discours du président américain, mardi 23 avril, lors d’un déplacement en Floride.

Peu après que Donald Trump, son rival républicain pour l’élection de novembre, eut quitté le tribunal où il est jugé à New York pour des paiements dissimulés à une ancienne star de films X, le démocrate, candidat à sa réélection, a pris la parole dans une université de Tampa pour l’accuser de ramener les Américaines « 160 ans en arrière ».

« Les électeurs vont demander des comptes à Trump », a-t-il clamé, prenant l’exemple de la Floride où l’avortement sera interdit au-delà de six semaines à partir du 1er mai, ou de l’Arizona où la justice a validé une interdiction quasi-totale datant de 1864. « Mais ce n’est pas une fatalité. Nous pouvons l’arrêter. Lorsque vous votez, nous pouvons l’arrêter », a lancé M. Biden.

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« Une personne est responsable de ce cauchemar »

Le candidat républicain se félicite régulièrement de la décision prise en 2022 par la Cour suprême d’annuler l’arrêt Roe vs Wade qui accordait aux Américaines le droit d’avorter dans tout le pays, lui qui a donné à la plus haute juridiction du pays une composition résolument conservatrice.

« Une personne est responsable de ce cauchemar. Et il le reconnaît et il s’en vante. Donald Trump », a dénoncé Joe Biden. « Il a décrit [ce revirement de jurisprudence] comme un miracle. Peut-être que cela vient de cette bible qu’il essaie de vendre… J’ai presque été tenté de l’acheter pour voir ce qu’il y a dedans », a raillé le président américain, en référence à une opération de levée de fonds lancée récemment par son rival, qui s’est associé à une star de la musique country pour vendre des bibles.

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Lui-même catholique pratiquant, Joe Biden est devenu l’un des plus vigoureux défenseurs du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), bien conscient que c’est là une des principales vulnérabilités politiques de Donald Trump. Le républicain tente de jouer la carte du compromis politique, tiraillé comme il l’est entre une opinion publique américaine majoritairement favorable au droit à l’IVG et la part de son électorat issue de la droite religieuse.

Vote décisif en novembre sur l’avortement en Floride

Depuis la décision de la Cour suprême, une vingtaine d’Etats américains ont interdit ou sévèrement restreint l’accès à l’avortement. De nombreux conservateurs souhaitent désormais que Donald Trump, s’il est élu, défende une loi interdisant l’avortement sur tout le territoire fédéral. Mais l’ancien président ne s’y est pas engagé, en faisant valoir que la compétence devait rester celle des Etats.

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« Il ne s’agit pas des droits des Etats, mais des droits des femmes », a lancé Joe Biden mardi, en rappelant que récemment, toutes les consultations populaires locales sur le sujet avaient consacré le droit à l’avortement.

Il a prédit que la Floride s’ajouterait à la liste. La Cour suprême de l’Etat, tout en validant l’interdiction de l’IVG après six semaines, a en effet renvoyé la décision finale aux électeurs. Ces derniers voteront en novembre, en même temps que la présidentielle et les législatives, sur un amendement garantissant le droit à l’avortement en Floride.

Et l’équipe de campagne de Joe Biden se prend à rêver d’un élan assez fort pour faire tomber l’Etat dans son escarcelle au moment du scrutin présidentiel. « Je pense que c’est jouable », a assuré Joe Biden mardi, bien que la Floride ait voté pour Donald Trump à deux reprises, en 2016 et en 2020.

L’Etat du sud-est a longtemps été un « swing state », susceptible de pencher soit à droite soit à gauche à la présidentielle. Mais il s’est ancré plus franchement du côté conservateur au fil des derniers scrutins.

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Le Monde avec AP et AFP

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