C’est une des premières manifestations du changement de doctrine en politique étrangère de l’administration Trump.
Le financement des ONG effectuant des opérations de déminage est suspendu pour au moins trois mois.
Une conséquence directe d’un des premiers décrets signés par le nouveau président américain, sitôt après son investiture.

L’annonce n’a pas fait grand bruit, mais elle est hautement significative de la nouvelle doctrine internationale impulsée par la nouvelle administration américaine. Peu après 6h du matin ce samedi, le Département d’État a demandé, par un courriel, à toutes les ONG impliquées dans des programmes de déminage (nouvelle fenêtre) financés par Washington, de cesser immédiatement leurs opérations, rapporte le New York Times (nouvelle fenêtre).  

Une suspension avec effet immédiat

La cheffe du « Bureau de retrait et diminution des armes » a souligné que la consigne était « effective immédiatement », tout en saluant le « travail important » réalisé par les ONG concernées, pour « la sécurité des communautés ». Pour Karen R. Chandler, le mesure est en cohérence avec l’ordre exécutif du nouveau président américain, de réévaluer l’aide apportée par les États-Unis à l’étranger.

Cette aide est effectivement massive. Dans son dernier rapport annuel, intitulé « Marcher sur la Terre en sécurité » (nouvelle fenêtre), le Département d’État indiquait être impliqué dans les programmes de déminage de 125 pays ces trente dernières années. L’action de détecter et neutraliser les mines anti-personnel est vitale pour l’agriculture et la sécurité alimentaire des populations concernées, comme le reconnaît le ministère lui-même. Pour la seule Ukraine, les États-Unis ont ainsi investi 182 millions de dollars (173 millions d’euros) depuis le début du conflit, il y a bientôt trois ans. Le Département d’État mettait également en avant son action au Vietnam, au Sri Lanka, ou en Irak, où le déminage de Mossoul a permis le retour des habitants dans la vieille ville. 

« Intérêts nationaux »

Le nouveau chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, avait annoncé la couleur dès sa prise de fonctions lundi dernier, rappelle le New York Times. Une pause totale de l’aide américaine permettra, selon lui, « de s’assurer que notre politique étrangère est dirigée sur un seul objectif, celui du progrès de nos intérêts nationaux ». Selon l’ancien adversaire de Donald Trump pour l’investiture républicaine en 2016, le concept d’intérêt national a été clairement défini par celui-ci durant toute sa campagne : « Tout ce qui nous rend plus forts, plus en sécurité, ou plus prospères », avait-il détaillé. Dans une circulaire moins policée, le nouveau secrétaire d’État a accusé les administrations précédentes, démocrates comme républicaines, d’avoir privilégié « l’idéologie au détriment du sens commun ».

Les ONG impliquées dans les opérations de déminage, et dont l’activité pourrait être fragilisée par la décision américaine, restent prudentes depuis l’annonce laconique du Département d’État, qui a promis plus de détails cette semaine. La suspension du financement américain est prévue pour trois mois, dans un premier temps. Mines Advisory Group, une ONG basée en Grande-Bretagne, rappelle ainsi qu’elle a toujours bénéficié d’un soutien « fort et bipartisan » de la part des États-Unis, y compris lors du premier mandat de Donald Trump.

Dès le 20 janvier, le jour même de son investiture, le président américain a signé un décret suspendant les aides à l’étranger avec effet immédiat. L’arrêt du financement des ONG luttant contre les mines anti-personnel est la première manifestation concrète de cet acte, qui devrait être suivie par de nombreuses autres, qui devraient affecter directement les financements contre la faim et la santé dans plusieurs régions du monde.


Frédéric SENNEVILLE

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