« L’Allemagne a sous-traité sa sécurité aux Etats-Unis, ses besoins énergétiques à la Russie et ses besoins en matière d’export à la Chine. » Cette déclaration de Constanze Stelzenmüller, de la Brookings Institution, en 2022, doit être actualisée. Entre-temps, l’Allemagne a échangé ses importations de gaz russe contre du gaz naturel liquéfié (GNL) américain. Le ralentissement de ses exportations vers la Chine a été compensé par une augmentation de l’export en direction… des Etats-Unis.
Remplacez l’Allemagne par l’Union européenne (UE), ajoutez l’élection d’un président américain isolationniste à la mixture, et l’UE se retrouve avec un problème colossal sur les bras. Comment s’extraire de cet étau ? Par le passé, l’UE a toujours fait preuve de détermination face aux chocs. Et il y en aura quelques-uns dans les prochaines années. Que « Europe first » devienne donc la réponse à « America first ».
S’il est un choc auquel nous n’échapperons pas, c’est la paix imposée en Ukraine. Le président Donald Trump part du principe que l’Europe est une région riche et prospère et doit donc faire face seule à la menace perçue dans le chef de la Russie. Les Etats-Unis ont ainsi les mains libres pour concentrer leurs dépenses militaires sur la menace chinoise.
Renforcer la défense de l’UE
La perception selon laquelle la Russie a gagné un deal et envisage par conséquent d’attaquer un pays limitrophe (Etats baltes, Moldavie) incite l’UE à agir. Peu importe que cette « théorie des dominos » soit justifiée ou non. L’important est que la plupart des pays européens y croient.
La première étape doit consister à bâtir un complexe militaro-industriel équivalent à celui de la Russie. La Russie consacre près de 9 % de son produit intérieur brut à la défense et l’Europe un peu moins de 2 %. Nous devons étendre notre capacité budgétaire centrale. Ce qui était impossible jusqu’à présent, si l’on excepte le fonds européen Next Generation est maintenant sur la table.
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