Il n’y a pas encore de fumée blanche, mais on s’en approche, veut-on croire à Bruxelles. Après un nouveau round d’âpres négociations au plus haut niveau, la Commission européenne et les grands industriels du spatial – Airbus, Thales Alenia Space et les opérateurs de satellites Eutelsat, Hispasat et SES – sélectionnés pour le développement du programme Iris², la future constellation satellitaire européenne de communication à haut débit et sécurisée, tentent de trouver un compromis final sur son financement.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Bruxelles donne le coup d’envoi d’Iris², sa constellation de satellites concurrente de Starlink

Alors que les ministres chargés de l’espace se réunissent, jeudi 23 mai, à Bruxelles pour un conseil consacré à l’espace, la concrétisation de cette constellation, qui doit incorporer des modules pour la communication sécurisée militaire notamment, se fait toujours attendre. Fin 2022, quand le Conseil et le Parlement avaient trouvé un accord pour lancer ce programme appelé à concurrencer Starlink d’Elon Musk, le commissaire européen responsable de l’espace, Thierry Breton, avait promis une entrée en fonction dès 2024, avec le lancement de nouveaux satellites en 2027 pour une mise en service totale à l’horizon 2030.

Dix-huit mois plus tard, la négociation avec les industriels est rude. La Commission avait tablé sur environ 6 milliards d’euros pour financer ce programme public privé, dont 2,4 milliards apportés par l’Union européenne et 750 millions par l’Agence spatiale européenne (ESA), le reste étant pourvu par les industriels. Or la proposition du consortium présélectionné atteint un budget de 12 milliards d’euros.

« Complexité des technologies »

Dans une missive envoyée en mars à Bruxelles et révélée par le média La Lettre, le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, a critiqué le « prix exorbitant » du projet ainsi que la conduite de l’appel d’offres, favorisant, sans réellement le dire, les grands acteurs français du spatial au détriment des entreprises allemandes du secteur comme OHB.

Une prise de position qui a irrité à la Commission, laquelle poursuit les négociations afin d’« optimiser » les coûts avec les industriels, assure-t-on à Bruxelles. Cette phase est bientôt terminée, promet-on, ce qui ouvrira la voie à la remise des offres fermes des industriels. La Commission rappelle notamment qu’« Iris² n’est pas un programme de l’ESA ». « Il n’y a pas de retour géographique [c’est-à-dire pas d’obligation d’investir dans tel ou tel pays]. Donc tout lobby industriel, même au travers d’un Etat membre, n’a aucun impact. » Fermez le ban.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’espace sous la menace des mégaconstellations de satellites

Néanmoins, « en négociant avec un consortium réunissant tous les grands acteurs, la Commission s’est mise à la merci de ces derniers », juge un observateur. « Il semble que les industriels ont voulu faire gonfler un peu trop le prix total du système, d’où les difficultés actuelles », note Christophe Grudler, l’eurodéputé Renew (libéraux), qui suit ce projet de près.

Il vous reste 39.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version