C’est une simple histoire de myrtilles, désormais célèbre dans tous les Etats-Unis. En 2011, Eve Rodsky vit dans une belle maison, à Los Angeles. Elle a un mari, trois enfants, dont un nouveau-né, et un métier prenant d’avocate. Un jour, elle s’installe dans sa voiture, déjà en retard pour aller chercher son fils cadet, avec tire-lait et sac de couches à l’arrière, un contrat important sur les genoux, lorsque son mari, Seth, lui envoie un SMS : « Tu as oublié les myrtilles. » Eve Rodsky gare la voiture sur le bas-côté et éclate en sanglots. Est-ce la fin de son mariage ?, se demande-t-elle. « C’était d’autant plus embarrassant que ma spécialité en tant qu’avocate était d’apprendre à des gens à communiquer. Toute la journée, je gérais des familles qui se déchiraient sur des questions d’héritage, comme dans la série Succession. Et je n’arrivais même pas à demander de l’aide à mon propre mari ? C’est là que j’ai touché le fond », se souvient aujourd’hui la Californienne de 48 ans, derrière son écran, débit express et rire facile, ses longs cheveux blonds attachés à la va-vite.
Depuis, Eve Rodsky s’est relevée, son couple a tenu. Elle a fait de cette expérience un livre sur la charge mentale et la façon de mieux l’équilibrer dans les couples. Publié en 2019, Fair Play (éditions Quercus, non traduit en français) s’est vendu à plus de 250 000 exemplaires les trois premières années, et a passé deux semaines sur la liste des best-sellers du New York Times. Un an plus tard, elle a créé un jeu de cartes pour aider les couples à se répartir les tâches, lui aussi un succès, souvent décrit dans la presse américaine comme un déclencheur de « prise de conscience ».
Enfin, en 2021, elle a fondé un institut de recherche en ligne, le Fair Play Policy Institute, qui a déjà formé plus de 400 personnes. Aux Etats-Unis, Eve Rodsky a hérité du surnom de « Marie Kondo of relationships » (« Marie Kondo du mariage ») pour sa capacité à faire le ménage chez les couples comme la Japonaise dans les placards. Et il y a du boulot : selon une étude des universités britannique et australienne de Bath et de Melbourne, publiée fin 2024 dans Journal of Marriage and Family, 79 % des mères disent assumer les tâches quotidiennes (ménage et soin des enfants), contre 35 % des hommes qui assurent la même chose.
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