100 milliards d’euros, c’est la somme qui va être investie par le gestionnaire d’électricité RTE d’ici à 2040.
Un investissement jamais vu depuis 50 ans.
Le 20H de TF1 révèle en exclusivité quels vont être les futurs chantiers.

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Initiatives environnementales

Raccorder les éoliennes en mer, mais aussi remplacer des lignes vieilles de 70 ans… Le réseau électrique français va devoir subir des travaux de modernisation évalués à environ 100 milliards d’euros d’ici à 2040. Un investissement record pour le gestionnaire RTE. Pour se rendre compte des besoins, dans le reportage du 20H visible en tête de cet article, une équipe de TF1 se rend près d’Avignon (Vaucluse), où une ligne à haute tension est menacée. En cause, les crues de la rivière Durance, qui sont de plus en plus fréquentes à cause du changement climatique. Du coup, les pylônes ont de plus en plus souvent les pieds dans l’eau. Un terrain s’est même effondré et une petite route a été rayée de la carte. « Il y a quarante ans, lorsqu’on a construit la ligne aérienne, cette route existait et elle a disparu depuis cinq ans. Cette ligne qui était loin du cours d’eau naturel se retrouve quasiment les pieds dans l’eau dans certaines parties de son tracé », explique Khalid Abdallaoui, directeur de la maitrise d’ouvrage chez RTE. 

24 milliards d’euros pour adapter les ouvrages au changement climatique

Cet exemple est loin d’être le seul. C’est pourquoi 24 milliards d’euros vont être investis juste pour adapter les ouvrages au changement climatique. Près d’Avignon, de lourds travaux ont déjà eu lieu il y a quelques mois. « Les fondations historiquement étaient à huit mètres et aujourd’hui, on a été chercher la roche dure jusqu’à 25 mètres de profondeur pour ancrer très profondément le pylône dans le sol », détaille le maître d’ouvrage. 

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« Et puis à certains endroits en France, RTE a aussi pour projet de surélever des postes électriques et de les mettre sur pilotis pour échapper aux crues », précise notre journaliste Pierre Gallaccio. Au total, un quart des postes électriques en France présentent un risque d’inondation d’ici à la fin du siècle. 

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30 milliards d’euros pour rendre certaines lignes à haute tension plus puissantes

Il faudra aussi un peu partout remplacer certaines lignes haute tension par des plus puissantes encore. Dans le plan d’investissement, cela coutera 30 milliards d’euros. Voici un autre exemple très concret à Dunkerque. Ici, la consommation électrique doit tripler d’ici à 2040. Résultat, les pylônes vont passer de 30 mètres de hauteur à 60 mètres. Seule une minorité de câbles seront enfouis, car c’est parfois trop difficile et souvent trop couteux. « Ici, à Dunkerque, on va avoir plus d’usines, plus d’industries et on va avoir plus de production d’électricité avec la centrale nucléaire qui grandit et les éoliennes en mer qui vont arriver », souligne Chloé Latour, directrice stratégie et régulation chez RTE. 

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35 milliards d’euros pour raccorder les éoliennes en mer

Justement, raccorder les éoliennes en mer coûte cher. C’est d’ailleurs la dépense principale dans le réseau, soit 35 milliards d’euros. Toute la géographie de l’électricité française va être revue. « On identifie cinq zones dans lesquelles on propose de renforcer le réseau. À l’horizon 2040, 60% de la consommation d’électricité pourrait être concentrée dans quatre régions : les Hauts-de-France, la Normandie, l’Ile-de-France et PACA. Donc, il faut pouvoir envoyer cette électricité des façades littorales vers les grands centres de consommation », note Chloé Latour. 

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Tout cela signifie des milliers de nouveaux kilomètres de câbles électriques à fabriquer. Dans l’usine Prysmian à Gron (Yonne), des dizaines de bobines sont expédiées partout en Europe toutes les semaines. Il y a quelques mois, 100 kilomètres de câbles ont par exemple été fabriqués pour les 62 éoliennes en mer de Noirmoutier. « Le câble qui est en cours de fabrication aujourd’hui est le plus gros câble que l’usine est capable de fabriquer. Et ce câble-là est capable de passer un gigawatt de puissance, soit la puissance d’un réacteur nucléaire », souligne Arnaud Jully, le directeur de l’usine. 

Conséquence, la demande en câbles électriques explose. C’est du jamais vu pour l’usine française de ce groupe italien, le leader mondial du secteur qui recrute comme jamais auparavant. « On est passé de délais d’environ 18-24 mois à des délais qui peuvent arriver à 4-5 ans. Cette année, on compte 70 à 80 personnes de plus et dans les années qui suivent, on va aller à un rythme de 60 à 100 personnes par an », se félicite Marcello del Brenna, directeur général Europe du groupe Prysmian. 

À partir de cette année, ce sont jusqu’à 12.000 emplois par an qui devraient être créés en France. Des métiers variés qui doivent permettre à terme de produire et de consommer plus d’électricité, que ce soit pour l’industrie, pour nos voitures ou pour le chauffage de nos maisons. 


V. F | Reportage TF1 : Pierre GALLACIO, Lucas LASSALLE, et Cédric AGUILAR

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