Le ministère des affaires étrangères allemand a annoncé sur X avoir convoqué le chargé d’affaires iranien, mardi 29 octobre, après l’exécution en Iran du dissident irano-allemand Jamshid Sharmahd. Quelques heures plus tôt, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, écrivait sur X que Berlin avait fait savoir à plusieurs reprises « que l’exécution d’un ressortissant allemand aurait de graves conséquences ».

« Parallèlement, notre ambassadeur à Téhéran (…) a protesté avec la plus grande fermeté contre l’assassinat de Jamshid Sharmahd », a poursuivi le ministère, précisant que le diplomate a « ensuite été rappelé à Berlin pour des consultations ». De son côté, le ministère des affaires étrangères iranien a dit dans un communiqué avoir convoqué l’ambassadeur d’Allemagne à Téhéran pour protester contre la « position interventionniste » de Berlin.

Téhéran a dénoncé les critiques de Berlin contre cette exécution. « Aucun terroriste ne bénéficie de l’impunité en Iran. Même s’il est soutenu par l’Allemagne (…). Arrêtez de soutenir les tueurs d’enfants », a déclaré le ministre des affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, sur X, s’adressant à son homologue allemande, Annalena Baerbock.

Dans la nuit de lundi à mardi, le chancelier, Olaf Scholz, avait qualifié cette exécution de « scandale ». Mardi, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a condamné « avec la plus grande fermeté » cette exécution et a annoncé que l’Union européenne envisageait des « mesures en réponse » contre Téhéran. Amnesty a qualifié cette exécution de « cruelle ».

Condamné à mort en 2023

Lundi, les autorités iraniennes ont exécuté le dissident iranien naturalisé allemand, arrêté puis emprisonné en 2020, a annoncé Mizan, l’agence de presse du pouvoir judiciaire. M. Sharmahd, âgé de 69 ans, avait été condamné à mort en 2023 par un tribunal de Téhéran pour son implication présumée dans un attentat contre une mosquée à Chiraz, dans le sud de l’Iran, qui avait fait quatorze morts et quelque trois cents blessés en avril 2008.

L’Allemagne, qui avait alors jugé cette peine « absolument inacceptable », avait expulsé en réaction deux diplomates iraniens en poste à Berlin. L’Iran avait pris une mesure similaire contre deux diplomates allemands en poste à Téhéran. L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité pour ses ressortissants.

L’Iran avait annoncé en août 2020 l’arrestation du dissident, qui résidait alors aux Etats-Unis, lors d’une « opération complexe », sans préciser ni où, ni comment, ni quand il avait été arrêté. Selon sa famille, il avait été enlevé par les services de sécurité iraniens alors qu’il se trouvait en transit à Dubaï (Emirats arabes unis), puis ramené de force en Iran.

Né à Téhéran, Jamshid Sharmahd a immigré en Allemagne au cours des années 1980 puis a vécu à partir de 2003 aux Etats-Unis. Il s’était notamment illustré par des déclarations hostiles à la République islamique sur des chaînes satellitaires en persan.

M. Sharmahd était également accusé de diriger le groupe Tondar (« tonnerre », en persan), qualifié d’organisation « terroriste » par l’Iran. Ce groupe, également connu sous le nom d’Association monarchiste d’Iran, affirme vouloir renverser la République islamique. La justice iranienne reprochait également à M. Sharmahd d’avoir établi des contacts avec des « officiers du FBI et de la CIA » et d’avoir « tenté de contacter des agents du Mossad israélien ».

Lire aussi (2023) : Article réservé à nos abonnés Après la pendaison de Habib Chaab, l’Iran menace de multiplier les exécutions d’opposants condamnés à mort

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version