Emmanuel Macron aime jouer des muscles. En mars, les Français découvraient leur président pratiquant la boxe, biceps tendu, poil hérissé et veines saillantes, sur le compte Instagram de la photographe de l’Elysée. Cet été, ce même compte le montre en train de courir au pied des Rocheuses, en amont du G7, puis se tenir l’épaule, pensif, dans l’avion du retour. Une photo centrée sur son biceps droit.

Entre 2017 et 2025, le président a cherché à passer « du corps maigre qu’on associe aux énarques, aux élites bureaucratiques de la République, à un corps musclé, symbole de masculinité hégémonique », relève François Hourmant, professeur à l’université d’Angers et auteur de Pouvoir et beauté. Le tabou du physique en politique (PUF, 2021).

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Il n’est pas seul à partager cette ambition. Jordan Bardella, le jeune dauphin du Rassemblement national, avoue avoir pris une taille de costume à force de faire du sport ; Louis Sarkozy, l’ambitieux fils de Nicolas Sarkozy aux accents trumpistes, s’affiche torse nu dans une vidéo de ju-jitsu brésilien sur le site du Figaro ; le sénateur communiste Ian Brossat partage ses séances dans une salle Fitness Park avec la presse.

Le muscle agit comme une valeur refuge face aux incertitudes du monde contemporain. « Derrière l’attrait du muscle, il y a cette idée simpliste qu’on gagnera un débat avec une claque ou un coup plutôt qu’avec son esprit, ce qui est pourtant la tradition française depuis les Lumières », analyse Guillaume Vallet, professeur à l’université Grenoble-Alpes et auteur de La Fabrique du muscle (L’Echappée, 2022).

Une « pastorale de la sueur »

Des mises en scène qui étaient jadis l’apanage de leaders autoritaires se fraient un chemin dans nos démocraties. « D’aucuns ont vu dans le timing de la photo d’Emmanuel Macron boxant une réponse à Vladimir Poutine », souligne François Hourmant. Le cliché a été publié alors qu’Emmanuel Macron était la cible des trolls russes après avoir suggéré un possible envoi de troupes occidentales en Ukraine, l’ancien président russe Dmitri Medvedev allant jusqu’à le qualifier de « trouillard zoologique » avant le voyage du président français à Kiev.

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