Le mot « marâtre », plus courant que « parâtre » pour désigner le beau-père, doit sa popularité aux contes de fées.
Issu du latin « matrastra », ce terme est l’autre nom pour qualifier la belle-mère.
« Belle-mère » et « marâtre » ne sont pas deux mots interchangeables, car l’un est beaucoup plus péjoratif que l’autre.

Suivez la couverture complète

Vie pratique

« Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle ! », demande la Reine dans Blanche-Neige des frères Grimm, parue en 1812. Pendant ce temps, Madame de Trémaine appelle Cendrillon pour une énième tâche domestique dans le conte de Charles Perrault, publié en 1697. Les belles-mères des contes de fées, souvent jalouses et acariâtres, nourrissent encore aujourd’hui une image négative. Comme l’explique la journaliste Bénédicte Gilles dans son podcast Marâtre ou bonne fée relayée sur Le Monde, « ces contes ont donné naissance au personnage emblématique de la marâtre ». Mais quelles différences existent-ils réellement entre la belle-mère et la marâtre ? 

Marâtre : une injure pour les belles-mères ?

Le terme « marâtre », en usage depuis l’Antiquité, a toujours eu mauvaise presse, surtout en littérature. « Ce qu’une marâtre aime le moins de tout ce qui est au monde, ce sont les enfants de son mari », écrivait La Bruyère dans son œuvre Les Caractères (1688), tandis qu’Antoine Furetière, poète du XVIIᵉ siècle, donnait la définition suivante dans son Dictionnaire Universel : « Marâtre, femme d’un second lit qui maltraite les enfants d’un premier, pour avantager les siens »

Mais qu’en est-il aujourd’hui, alors même que 10% des enfants vivent dans une famille recomposée, dont 7% avec un parent et un beau-parent (Insee, 2023) ? Le mot marâtre n’a pas perdu de sa connotation négative. Le Littré le considère comme injurieux, qualifiant une « belle-mère par rapport aux enfants d’un autre lit ». De son côté, le terme « belle-mère », est plus neutre et respectueux. Le Larousse indique qu’il s’agit d’une « conjointe d’un des parents, pour les enfants issus d’un autre mariage, d’une autre union »

L’influence des contes de fées

Pour Bénédicte Gilles, il ne fait aucun doute que les belles-mères ont toujours eu le mauvais rôle dans les contes de fées. Elles se révèlent machiavéliques. Cendrillon, réduite en esclavage et Blanche-Neige, victime de plusieurs tentatives d’assassinat, ne sont pas les seules à s’attirer les foudres de leurs marâtres. Hansel et Gretel, ainsi que le Petit Poucet et ses frères, sont abandonnés dans la forêt, notamment à cause de leur belle-mère. De son côté, la mère Gothel dans Raiponce de Grimm est une marâtre qui veut conserver sa jeunesse à tout prix.   

Sylvie Perrier, historienne, explique dans le magazine Ça m’intéresse que le personnage de la marâtre est fréquent dans les contes à cause du contexte démographique de l’époque. Dans la France de l’Ancien Régime, on meurt jeune, plus d’un quart des unions sont donc des remariages. Les pères de famille se remarient rapidement après le décès de leurs épouses, avec des femmes généralement jeunes, célibataires et sans enfant. 

Pourquoi tant de haine ?

Pourquoi cette image négative des belles-mères a-t-elle perduré au fil des années ? Dominique Devedeux, psychanalyste et auteure de l’ouvrage Au secours, je suis une marâtre avance une réponse. La marâtre « n’est pas la mère légitime, elle est venue détrôner celle-ci, elle a arraché le père à sa famille. Elle est la Voleuse, l’Intruse (…) l’enfant est pris dans un conflit de loyauté qui lui fait toujours prendre le parti de sa mère contre sa marâtre », explique-t-elle dans ELLE

Fiona Schmidt, journaliste et auteure de Comment ne pas devenir une marâtre – Guide féministe de la famille recomposée, renforce cette idée. Dans la version belge de Marie Claire, elle pointe du doigt la rivalité féminine entre la belle-fille et la nouvelle épouse du père. L’image de la marâtre repose sur une « (…) réputation sexiste qui est basée sur la rivalité entre femmes ». Elle met également en exergue la difficulté que rencontrent les belles-mères pour trouver leur place auprès de leurs beaux-enfants : « ni trop copine, ni trop distante, ni trop rigide »

Emilie CARTIER pour TF1 INFO

Partager
Exit mobile version