
Il s’en est fallu de peu pour que « la Photonis », comme on dit à Brive-La-Gaillarde, ne prenne l’accent américain. Début 2020, la société, dont l’une des usines emblématique est située dans la sous-préfecture corrézienne, fondée par Philips en 1937 est sur le point d’être rachetée par l’industriel Teledyne. Tout est négocié avec le vendeur, Ardian. Propriétaire du fabricant de lunettes de vision nocturne depuis 2011, le fonds d’investissement français compte bien encaisser son chèque de 500 millions d’euros.
Mais c’est sans compter sur la résistance du ministère des armées. Inquiet de voir cette entreprise passer sous contrôle américain, il convainc le gouvernement de mettre son veto à l’opération en décembre 2020, au nom de la souveraineté industrielle de défense. Photonis est finalement rachetée, en février 2021, à un prix nettement inférieur (370 millions d’euros), par HLD, un fonds luxembourgeois créé par Jean-Bernard Lafonta, ancien président du directoire de la société d’investissement Wendel.
Cet épisode fait de Photonis, rebaptisée Exosens en 2023, « le totem de la souveraineté industrielle de défense », reconnaît Jérôme Cerisier, directeur général de l’entreprise depuis 2016, rencontré le 3 septembre lors d’une visite de l’usine de Brive à laquelle Le Monde était invité. Dès qu’une entreprise sensible risque de passer entre des mains étrangères, comme Segault et Velan en 2023, l’exemple Photonis ressurgit pour démontrer les vertus du patriotisme industriel et sa conjugaison possible en réussite économique.
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