La liste des abstentionnistes obtenue à la préfecture est étalée sur la table. De grandes feuilles ont été scotchées au mur, avec les tractages et réunions publiques prévus. Mercredi 19 juin, une dizaine de jeunes sympathisants sont réunis par Fabien Roussel, dans un coin du local de campagne de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), pour les dernières consignes : « Ici, 51,5 % ont voté pour Jordan Bardella ou Reconquête !, le 9 juin. Il ne s’agit pas de dire : “Il faut faire barrage à l’extrême droite”, sinon, vous allez braquer les gens. Ils vont vous parler retraite, factures qui grimpent, de leur ras-le-bol. On les écoute, on leur dit qu’ils ont raison d’être en colère et on leur parle de notre programme. Et du député qu’ils connaissent bien. »

Les anciens acquiescent et embarquent chacun un deuxième militant plus jeune. L’enjeu pour le député du Parti communiste français (PCF) sortant est clair : aller chercher les abstentionnistes – douze mille aux européennes – et tenter d’endiguer la vague Rassemblement national (RN) dans une campagne express.

Ce mercredi matin, le numéro un communiste a la mine fatiguée et soucieuse. La veille, il a enchaîné plusieurs porte-à-porte à Saint-Amand-les-Eaux, où il est aussi élu conseiller municipal, après avoir répondu à plusieurs interviews et participé en visioconférence aux discussions autour du programme du Nouveau Front populaire. A un peu plus d’une semaine du scrutin législatif, l’élu sait que les quelques jours de campagne vont être cruciaux. Le contexte politique est tendu et inédit après la dissolution. « On est bien accueilli mais les gens sont sonnés par la décision de Macron : ils lui en veulent encore plus. On ne peut pas dire que “tout va bien se passer”. Les gens connaissent les combats que j’ai menés mais il faut que je les convainque encore », analyse Fabien Roussel.

Les militants sentent que leur candidat n’est pas serein mais se gardent d’afficher leurs états d’âme. Yvon Quintin, un des piliers de la section locale, avoue en aparté que la bataille électorale va être difficile : « Cela n’a jamais été simple dans ce bassin minier travaillé depuis longtemps par le RN. Mais on ne s’attendait pas à ce niveau-là aux européennes… Il y a un rejet énorme de Macron, mais est-ce que les gens vont se dire : “Chez nous, c’est Roussel qui nous défend le mieux” ? Heureusement, on a vu le sursaut à gauche, avec l’arrivée de jeunes qui veulent aider après l’appel de Fabien sur TikTok. Tout le monde a compris qu’il faut y aller fort », explique le retraité de 73 ans.

Il vous reste 71.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version