« Ça fait mal, je ne peux pas le nier ». John Fleming, agriculteur de la cinquième génération né dans le comté de Halifax, au cœur de la Caroline du Nord, scrute avec anxiété les lignes sur son écran d’ordinateur : les cours du coton, du soja ou du maïs dégringolent. Ce mardi 7 avril, les marchés ont de nouveau plongé, cinq jours après le « Liberation Day » de Donald Trump et l’annonce de taxes douanières massives. Le fermier de 44 ans, barbe rousse et thermos de café à la main, ne plantera pas de coton pour la première fois : le prix s’affiche à 64,90 centimes de dollars la livre, en dessous du seuil de rentabilité. Il attend désormais les répercussions des nouveaux droits de douane : « J’espère que ce sera douloureux à court terme, mais qu’on y gagnera à long terme. » Un vœu aux airs de slogan martelé ces derniers jours par les élus républicains MAGA et les éditorialistes de la chaîne ultraconservatrice FoxNews : « La douleur en vaut la peine. »
L’angoisse se mêle à l’espoir chez les agriculteurs américains de Caroline du Nord, ce « swing state » remporté par Donald Trump à 185 000 voix en novembre 2024, cinquième exportateur du pays vers la Chine. Les champs de soja, de maïs, de blé, de cacahuètes, de tabac et de coton s’étendent sur un quart de ce territoire de l’Est, où alternent forêts, églises baptistes et maisons à l’allure victorienne. Près de 80 % des comtés agricoles aux Etats-Unis ont voté pour Trump, selon les données de l’US Department of Agriculture. John Fleming, lui, rechigne à révéler qu’il a voté pour le champion des MAGA, de crainte que des activistes viennent mettre le feu à son tracteur comme ils rayent les voitures Tesla.
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